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Les aventures extraordinaires de Zak Galou - Episode 2 : Zak Galou et le mort de rire

Il était tôt ce matin d'avril lorsque Zak Galou se leva. Le réveil indiquait 14h32 mais c'était rien que pour le culpabiliser de ne pas être allé travailler ce matin-là. Il avait décroché la semaine précédente un boulot de plongeur-paysagiste dans un petit bar-tapas du quinzième, le Fucking Laipsiks Bar, et même s'il était très à l'aise avec un masque et un tuba, il trouvait que la combi et les palmes, ça foutait trop la honte avec les gonzesses.

Au lieu de se rendre sur son lieu de travail, Zak Galou voulait rendre une dernière visite à Bubu, avant d'embarquer pour le Mexique, où il espérait bien libérer Florence Aubenas et Ingris Betancourt.
Dans la douceur printanière, les arbres et Zak Galou bourgeonnaient, offrant aux promeneurs la vision d'une nature en éveil. Plutôt que d'emprunter un train de banlieue où l'on pouvait toujours faire des mauvaises rencontres - il avait croisé un contrôleur quelques jours auparavant et provoqué un déraillement en le passant par la fenêtre - il décida qu'il valait mieux se rendre à Brou sur Chantereine à bicyclette, ce qui lui rappelerait le bon vieux temps où il partait de bon matin, quand il partait sur les chemins, à bicyclette, avec quelques bons copains : Bubu, Manu et l'ami Ricoré, et puis Lizete. Bref, il prit son VTT (Vite Tire-Toi).

Brou en ce petit matin d'avril - le trajet est long de Paris à Brou quand on pédale pour la première fois sans ses petites roulettes à l'arrière - était nimbée d'une brûme diaphane, accentuant son côté morbide et désert. Zak Galou traversa sans mollir les rues désertes - il avait croisé une automobiliste conduisant une kangoo vert-pomme, ce qui avait provoqué ce qu'il appelait un durcissement de la situation - et arriva enfin en vue de la cabane en plastique jaune de l'ami Bubu.
Il fut alors pris d'un doute affreux. Quelque chose clochait dans ce patelin sans clocher. Il comprit alors avec horreur que ce village endormi aux allures de parking de supermarché en pleine nuit, ce village qu'il avait traversé sans apercevoir âme qui vive ou qui meure, ce village n'était pas Brou.

Des erreurs, Zak Galou en faisait peu ou prou. Mais là, c'était pas Brou. Il comprit en observant plus attentivement la cabane devant lui qu'il ne s'agissait pas de la cabane de Bubu, puisque celle-ci était en bois alors que celle qu'il avait sous les yeux était d'un beau polyesther jaune. C'était, il le devina en voyant la table de plastique jaune devant l'auvent, la maison de l'ami Ricoré. "En réalité, pensa-t-il par devers lui, ce n'est pas vraiment mon ami, mais plutôt un bon pote de cuite".
Après avoir frappé à la porte pendant une bonne demi-heure, il se rendit compte que celle n'était pas fermée et il pénétra. Dans la cabane, hein ?
Dans le silence épais de l'unique pièce, un mince rayon de soleil vint combattre à ses côtés contre l'obscurité, et il aperçut son ami Ricoré - enfin, son bon pote - allongé sur le sol, mort.
Il envisagea naturellement les différentes possibilités qui avaient pu conduire René Ricoré à trépasser sans envoyer de faire-part, et la plus probable était tout de même qu'à force de boire sa saloperie, il ait fini par se choper un ulcère purulent du cul. Pourtant, l'ami Ricoré avait sur le visage un rictus que Zak Galou, expert visagiste, reconnut comme un rire aux éclats.
Zak Galou demeura pétrifié comme la vérité faisait jour en lui. Son sang et la grosse aiguille de l'horloge murale ne firent qu'un tour.

L'ami Ricoré, il en était sûr, était mort de rire.
Mais qui avait pu commettre ce crime infâme ? Qui aurait été capable de faire rire l'ami Ricoré, un type plutôt ours et pas franchement porté sur la rigolade en dehors des heures de repas ?
Zak Galou, qui connaissait son Who's Who sur le bout des doigts, identifia aussitôt le seul capable d'un tel forfait : Mortadelle. Lui seul pouvait, impavide, débiter des séries de blagounettes aussi truculentes que saugrenues et pousser ainsi son auditoire à mourir de rire.
Zak Galou repensa alors à ce que lui avait dit Bubu dans l'épisode 1 : "Ecoute-moi bien petit merdeux, tu vas pas me faire chier longtemps avec tes conneries, y en a qui bossent et qui avancent pas dans leur rapport de stage, okay ?". Puis il pensa à encore à autre chose que le grand homme lui avait dit : "Il te faut trouver ta Face B, celui-là qui est ton antithèse et contre lequel tu devras te battre pour affronter le monde. Il est ton négatif, tu dois le trouver et le faire emprisonner".
Zak Galou en était sûr, Mortadelle était son équivalent du côté obscur.

En allant bosser ce soir-là, il songea à Johnny Halliday, avec lequel il avait eu une longue conversation quelques jours plus tôt. Il savait qu'il suffirait d'une étincelle, d'un rien, d'un geste, pour allumer le feu. Puis il se rendit compte qu'il ne pourrait pas lutter contre les blagounettes-mitraillettes de Mortadelle tant qu'il n'arriverait pas à regarder la pub optic 2000 de Johnny Halliday sans se pisser dessus.
Mais c'était un premier objectif très difficile et il préféra commencer son entraînement par les textes de Florent Pagny.

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