jeudi 28 septembre 2006

Les aventures extraordinaires de Zak Galou - Episode 12 : Zak Galou et le Rêve Ouzbek

Après avoir échappé à la Fatwa lancée sur sa tête pour avoir vilipendé dans l'épisode précédent - aux environs du onzième, en tout cas - notre sympathique et intrépide héros décida de revenir quelques temps sur Paris. "J'ai grande hâte, expliqua-t-il aux soixante-huit contrôleurs handicapés mentaux de la SCNF qui venaient de monter en gare de Merdon afin de chasser parmi les trois ou quatre usagers usés ceux qui, petit a : avaient leur pass' Navigo mais pas leur coupon (un délit proche du crime de lèse-majesté et passible de la peine capitale en matière de train, à savoir l'expulsion pure et simple), petit b : avaient acheté un coupon mais ne l'avait pas validé (un délit extrêmement grave s'apparentant à l'abus de biens sociaux et passible d'une amende forfaitaire de soixante-huit binouzes au bar-tabac du coin de là où ce qu'ils sont affectés), petit c : étaient dans l'incapacité de présenter un titre de transport valide parce qu'ils s'en étaient servis comme filtre pour le treize-feuilles qu'ils venaient de se rouler en louce-dé (ne me demandez-pas ce que signifie ce mot, je viens d'envoyer un courrier au Petit Robert et au Gros Larousse Illustré pour en connaître la signification exacte) - j'ai grande hâte de retrouver Paris et le troisième étage".
Le plus proche lui souffla au visage une haleine de beaujolais nouveau (on nous annonce d'ailleurs qu'il vient d'arriver) : "Ferme-là ptit merdeux et fait péter ta carte n'imaginaire".

La salle des stagiaires ressemblait à l'Asie du Sud-Est en fin de matinée du 26 décembre 2004. "C'est trop la zone putain", se dit Zak Galou, qui venait de s'acheter le dernier album de Renaud.
Pasta avait disparu depuis de longues semaines - livré à lui-même en des lieux exotiques, il poursuivait visiblement sa quequête d'absolu sur des chemins de traverse pleins de cailloux et de poussière (par la même occasion, il avait pris un disque de Francis Cabrel). Glou, lui, s'était tiré avec la caisse de prévoyance mise en place par les stagiaires dés la mi-avril, pour le cas où il aurait fallu organiser une grève et un blocage.
Et tandis que Nono au pays du Ninja Levant chassait le soleil au détour des avenues tokyoïtes, Bubu se la coulait douce à Rome. Au final, Zak Galou se disait qu'il n'y avait qu'un seul stagiaire qui devait pas faire le malin : Bubu avait kidnappé Manu avant de partir - penser aux blagounettes que devait endurer Manu à longueur de journées ("Ils sont fous, ces Romains", "Il y a plein de macaronis ici", "Tu crois qu'ils font des pizzas", etc...) améliora grandement le moral de notre héros, qui cependant demeurait au plus bas.
De son côté, Flo Galou - il existe, hélas, je l'ai rencontré, re-hélas, et il est pire en vrai - achevait avec un mois de retard son rapport de stage, ce qui constituait un exploit si l'on considérait qu'il avait commencé avec cinq mois de retard, et que nul n'était capable au premier abord de deviner quand il travaillait de quand il ne travaillait pas.

Quand il baignait dans le spleen, que la morosité le disputait aux envies de suicide collectif tout seul dans la cuvette des toilettes - partir en tirant la chasse, c'est quand même partir en tirant quelquechose - Zak Galou allait trouver sur la toile de l'internet du ouaibe un réconfort que seules pouvaient lui offrir les donzelles russes à peine pubères qu'il faisait venir en leur faisant miroîter la taille de sa tour Eiffel, et accessoirement la possibilité d'obtenir une carte de séjour contre rémunérations orales - "Au pire, si tu me donnes un coup de main en échange, on peut s'arranger", leur disait-il toujours en allant les chercher dans la zone de frêt de l'aéroport CDC.
Malheureusement, avec la dernière venue, Petrouchka, tout était allé de travers. Ca avait commencé comme dans un rêve lorsqu'elle l'avait fait monter dans sa chambre d'hôtel pour boire un verre. Il avait déjà eu le temps de s'évanouir deux fois avant qu'elle ne lui annonce qu'elle devait prendre une douche pour se raffraîchir un peu (la première fois, c'était dans le taxi quand elle avait croisé les jambes et qu'il avait surpris le regard du chauffeur dans le rétro : il s'était dit "Purée, il croit que c'est ma gonzesse, je suis le roi du pétrole" ; la deuxième fois, c'était à la réception lorsque le guichetier (enfin le type de l'accueil, quoi) lui avait tendu la clé de la chambre en lui disant "Môssieur").
Lorsqu'il avait entendu l'eau de la douche couler, il avait ôté ses vêtements, les avait soigneusement plié sur une chaise, avait ouvert en grand les rideaux de la chambre et mis en place son camescope sur la commode en face du lit, ce afin de ne rien râter de l'immortalisation de la scène qu'il avait prévue.
Il la voyait déjà sortir nue et humide de la salle embuée - prête à s'offrir à son héros. Malheureusement, en l'attendant nu sur le lit, il s'était assoupi une minute ou deux dans la torpeur digestive de ce début d'après-midi et le room-service était entré pour leur apporter la bouteille qu'il avait commandé en montant.
"Ca me fait encore mal rien que d'y penser", se dit-il en se désabonnant du site de rencontre russe.

C'est à ce moment qu'il tomba, par hasard, sur un article de presse vantant les mérites de l'Ousbékistan. Sur une très jolie brochure en carton recyclable (et déjà recyclé visiblement), on voyait en couverture une photographie de la principale attraction touristique de la capitale ousbek, Ousbek-ville, à savoir son arrêt de bus. Dans la marge, le commentaire éclairé d'un habitant ouzbek : "Kala miouchni kouli popov skaya pouet pouet pfiout trin trin" - ce qui signifiait approximativement "L'arrivée du premier autobus le mois dernier a été une vraie révolution culturelle pour tout le pays - la dernière fois que nous avions vu un engin motorisé, c'était le printemps de Varsovie qui passait et les enfants étaient en délire, ils courraient dans tous les sens au son des pétards, c'était gavé tiptop. En tout cas, c'est clair que ça va développer le tourisme dans toute la capitale et multiplier par 1 les recettes touristiques de la ville, qui dépendent directement du nombre de kloug vendus".
Zak Galou ne se serait pas arrêté pour si peu sur cette brillante brochure qui tout en ayant été éditée moins d'une semaine plus tôt paraissait remonter du fond des âges, s'il n'avait aperçu, derrière l'interviewé, presque invisible près de l'arrêt de l'autocar, une jeune fille blonde à couettes et à couenne dont la robe bavaroise voletait autour de mollets dodus et terreux d'avoir courrus dans la boue pour gagner l'arrêt et voir passer le seul bus du mois - de toute façon, elle ne pouvait pas s'acheter le billet, trop cher.
Son sang, son coeur, son estomac, son être tout entier ne firent qu'un tour - chacun et dans le désordre.
Il vomit.
Puis attrapa son téléphone.
"118 000, vous voulez le numéro de la soeur de Paolo ?
_ Oui, ça peut toujours servir ; mais je cherche le numéro de l'ambassade d'Ouzbékistan à Paris.
_ Vous préférez pas le numéro de la soeur de Paolo ?"
Après une dizaine d'appels à différents numéros de renseignements - au cours desquels on lui proposa de faire du sport, de chanter dans une chorale, etc... - il obtint enfin le sésame de son futur voyage chez les Ouzbeks.
La vie bougeait soudainement autour de Zak Galou.

Lorsqu'il rentra chez lui ce soir-là, après avoir arrosé sa mémé, fait pisser la plante verte sous le tapis de la chambre d'amis et crié "Bonsoir !" dans l'oreille de son chien, Zak Galou put - enfin, et pour la première fois depuis longtemps - dresser un bilan positif de sa journée.
Il avait un billet pour se rendre à Ouzbek-ville, il avait une réservation dans le seul hôtel du pays (en réalité une chambre d'hôte, ou plutôt une place sur un sommier dans une espèce de cabane avec les gens qui vivaient là) et il avait l'horaire de l'autocar.
Il s'endormit en rêvant qu'il était avec la fille de la brochure, et que tous deux verraient passer l'autobus d'un même regard.


mercredi 27 septembre 2006

Connaissez vous bien le Zak Galou?

Voici pour les nombreux fans un test qui permetre de connaître un peu mieu votre idole. Les 50 premières bonne réponses gagneront un cadeau surprise.

Combien de pensées contradictoires un Zak Galou est il capable d'énoncer en même temps?
a- 1
b- 2
c- 5
d- plus

Le Zak Galou est il plutôt :
a- capitalo collectiviste
b- bolchévique négationiste
c- situationiste sioniste
d- en retard

Que fait le matin un Zak Galou après avoir décapiter les nobles?
a- il coupe les curés en deux
b- il chante "soyouz nerouchimy respoublik svabodny ..." la main droite sur le coeur gauche
c- il enfile sa tenu de super héro du quotidien qui lui va si bien
d- il lance aMule ayant confiance que ce geste parfaitement désinteresé fera s'ecrouler à terme toutes les bourses mondiales en commancant par le marché du disque qui entrainera les autres dans sa chute et aboutira ainsi à la réalisation du Paradis sur Terre.

Que lit Zak Galou le soir pour s'endormir?
a- Advanced Computational Complexity Theory de Papadimitrious
b- Crimes et génocides à l'ère industirel : du massacre des Hereros à Florent Pagny
c- Les barbapapas
d- Il ne lit pas il écoute la radio

Oui, mais quelle radio?
a- BFM, pour savoir qui quoi acheté le lendemain
b- Radio Shalom, pour être au courant des crimes odieux des libanais
c- Radio Orient, pour être au courant des crimes odieux des israéliens
d- Radio Courtoisie, pour être au courant des crimes odieux des libanais, des israéliens et de tout ce qui n'est typiquement pas alsacien, picard ou béarnais

D'apres ZG les allemands sont :
a- Des gens tres organisé
b- Des gens très discipliné
c- Des gens qui parlent une langue tellement bisssarroïd qu'on a l'impression qu'ils disent "je vais t'arracher la tête avec les dents espece de singe" quand ils disent simplement "au revoir"
d- Le seule peuple capable d'inventer coup sur coup les deux idéologie facistes qui ont le mieux marché de l'Histoire, c'est dire si ils sont forts, organisés et disciplinés

Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin :
a- Elle se case
b- Elle se pourfend
c- Elle se remplit
d- Elle se mouille

Trois "tu l'auras" vallent mieux que :
a- Un "tient"
b- Un "tient" et demi
b- Pas de "tient" du tout
d- Ca depend de la forme de ta fonction d'utilité boudiou!

La dictature c'est :
a- Mieux que la démocratie car il faut moins de lettres pour l'écrire
b- Le plus vieux régime du monde
c- Le meilleur compromis exploitation/exploitation qui existe
d- 10 points au scrabble

Ce matin un lapin a tué un chasseur, c'est un lapin :
a- Névrosé
b- Névrotique
c- Pas bien dans sa tête
d- A qui on la fait pas

L'homosexualité c'est :
a- tabou, on en viendra tous à bout
b- mieux que l'hétérosexualité car il faut moins de chiffres pour l'écrire
c- un truc de pédés
d- un mot

Completez la série de mots suivants :
- 1
- 2
- 3
- 5
(réponse : 1268)

Soit le problème suivant : Il faut rejoindre le point A ou point B sans passer par le point Y, comment faite vous? (vous avez une heure)

Résultats :

Vous avez une majorité de a, de b, de c ou d : C'est bien
Vous avez plus de a que de b mais moins de c que d : C'est mal
Vous avez autant de a que de b, mais un peu plus de c que de a respectivement à d : Vous etes au meilleur de votre forme, continuez comme ca et vous irez loin
Vous avez oublié d'éteindre le gaz en partant : peut être que mamie y pensera quand elle se reveillera?



mardi 26 septembre 2006

Le détail

On a souvent évoqué la pureté de l'eau seinoise dont s'abreuvent gratuitement certains habitants du Laipsiks 5 jours par semaine.

Venez maintenant découvrir la beauté des coulées d'eau italiennes.
Ô douceur des contrées florentines


dimanche 24 septembre 2006

L'Intégrale Bubu - incroyable !!

Pour la première fois compilée dans une revue scientifique sérieuse, l'intégrale Bubu en pas mal d'épisodes est publiée - en exclusivité internationale - sur le LST.
Vous y retrouverez les inoubliables aventures de Bubu, jeune héros sympathique et névropathe, à travers le Sud de la France - l'occasion ainsi d'un retour en force de la saga de l'été dernier en plein automne, une première saison qui a rencontré un tel succès qu'une autre saison serait en préparation, dans laquelle Bubu irait combattre le Berlusconisme au coeur de l'Etna ; comme l'a dit Bubu dans une préface non officielle, "ce petit merdeux de Zak Galou n'a qu'à bien se tenir, je pourrais lui casser la tête entre mes fesses".



BUBU A CANNES : EPISODE 1
Il fallait être, vers le milieu du mois d'août, à la gare SNCF de Cannes, pour assister à cet étrange spectacle qu'on ne voit que dans les stations de balnéaires : l'arrivée d'un citadin sur son lieu de villégiature.

Le regard est encore hagard des presque quatre heures de train qu'il lui a fallu supporter, entre un gosse braillard se passant en boucle toutes les sonneries de son portable et le gros représentant de commerce ronflant son déjeuner en une flatulente sieste de début d'après-midi. La démarche cependant est hésitante mais encore vive, comme pressée d'en finir avec cet endroit de débauche que représente toujours, pour le garçon bien né, une gare ferroviaire. Encore vêtu de son uniforme parisien, Bubu cherche dans la foule un visage connu, ses yeux globuleux et vaguement inquiets sautant d'une tête à l'autre jusqu'à la reconnaissance d'une forme connue. Là, il m'a vu. Je vois son visage osseux de pré-alcoolique-en-phase-ascendante ébaucher un sourire d'excitation. Les vacances commencent.

Il est des circonstances dans la vie d'un homme qui vous poussent instinctivement à des actions héroïques, et d'autres non. Apercevant le maigre comité d'accueil venu en son honneur à la gare, Bubu poussa un cri de joie, resté célèbre depuis, à mi-chemin entre le happy cow-boy et le bébé moufflon hurleur. Puis, un peu gêné de l'attention que ça lui apporta, mais au fond très ému, il fondit en larmes.

Quelques heureus plus tard, débarassé de ses jeans sombres mais pas de ses santiags - l'oubli des tongues multicolores envoyées de Brou-sur-Chantereine par sa tata Rodriguez étant on le soupçonne fortement prémédité - Bubu investit la modeste plage qui se trouve à proximité du palais des festivals - des festivaux, dit-il, mais je me refuse à retranscrire toutes ses inexactitudes linguistiques. Et ce n'est pas sans peine que l'on a réussi à le traîner sur la plage, car Bubu est comme chacun le sait un grand fan du cinéma d'auteur engagé post-contemporain, et où ailleurs qu'à Cannes aurait-il pu comme il l'a fait, chaque jour ou presque, monter frénétiquement les marches du palais pour, une fois en haut, s'en laisser rouler vers le bas dans la technique bien connue du rouleau de printemps de Varsovie ? Bref, après cette démonstration d'amour pour le cinéma, vêtu de son slip de bain couleur malabar et de ses santiags, son corps glabre recouvert d'une épaisse couche de crème blanchâtre qui n'est pas sans évoquer un fromage blanc à 0% après la canicule, Bubu aperçoit enfin la mer.

Et incontestablement, c'est là une des plus belles rencontres de ces vacances. Lui qui, au bord de la Seine, pouvait regarder des heures durant un poisson mort balloté par les flots, lui dont la poésie naturelle lui a fait tenir ses propos inouis devant un suicidé du pont de l'Alma qu'on venait de repêcher contre son gré : "Alors elle est bonne ?", le voilà qui se saisit de son pied droit pour ôter ses bottes ; chacun le sait, la précipitation est mère de la maladresse : Bubu tombe à la renverse. Dans son malheur, il a la chance de tomber sur une charmante donzelle de soixante-six ans et cent soixante-six kilos tout juste, en topless-string, qui non contente d'amortir sa douloureuse chute pousse, comme en écho au cri de détresse du Bubu à la renverse, un brâme meurtrier qu'on n'eut pas cru pouvoir sortir d'une telle barrique.

Pour Bubu, c'est une humiliation. Il engage aussitôt un concours de petits cris avec la vieille grosse, mais malgré son talent naturel, son inexpérience le contraint à l'abandon. Vaincu, pied droit nu, il court alors vers la mer assouvir sa soif de baignade !
Au bord de l'eau des enfants s'écartent pour laisser passer ce drôle d'animal ; nous qui sommes déjà dans l'eau depuis un moment le voyons arriver, déjà rouge aux épaules d'un premier coup de soleil estival, le visage crispé par le froid de l'eau de mer. "Ca fait froid aux couilles", entend-on alors qu'il pousse sans ménagement une fillette de quatre ans apprenant à nager sous l'eau à son petit frère.
L'après-midi est bien engagé. Comme on le voit, Bubu a su s'intégrer à la perfection aux Cannois aoutien.

Le soir, dans le modeste appartement où un ami l'a invité, Bubu panse ses coups de soleil à grands coups de margarine spéciale cuisson qui aide à lutter contre le mauvais cholestérol. Une bière Lidl à la main, il contemple la baie cannoise qui s'endort avec le soleil ; au loin une saleté de clébard aboie à tout-rompre. Il se lève pour aller chercher son fusil à lunettes lorsque, attiré par un mouvement souple et gracieux à la limite de son champs de vision, il se tourne prudemment vers l'Ouest, découvrant alors une villa en contrebas. Au bord d'une piscine fastueusement éclairée, Bubu aperçoit une ombre, quelque jeune fille en fleur, se dit-il dans la douce ivresse qui l'étreint, une jeune beauté qui vient baigner ses charmes à la lumière de la pleine lune. L'ombre gracieuse se déplace lentement autour de la piscine qui forme un coeur dont les faibles remous dûs au vent lui évoque le cours du temps ( rappelons qu'il est passablement ivre déjà, la bière lidl s'ajoutant à un coup de soleil carabiné, ainsi qu'à la fatigue du voyage).
Bubu se précipite sur ses jumelles à infrarouge, celles-là même dont il se sert à Paris pour chasser les rats dans les couloirs du métro - on a les hobbys qu'on mérite. Il cherche, pendant un court instant, la silhouette qui danse lascivement autour de la piscine, aperçoit un orteil peint en rose, puis une cheville ; son excitation est à son paroxysme ; il élargit le cadrage et voit, enfin, l'objet de son désir.
Cette belle naïade au clair de lune, ce n'est autre que la femme qui, sur la plage cet après-midi, a sauvé son coccis d'une chute douloureuse ; cette femme qui a su voir dans les cris échangés tout le désarroi de l'homme moderne face à la mondialisation, à la hausse du prix du pétrole et au service pack SP2.
Conquis, il la regarde sauter en boule dans la piscine en coeur. Bubu est amoureux.


BUBU ET L'ATTAQUE DU POULPE GEANT : EPISODE 2
Depuis son arrivée à Cannes, Bubu avait pris connaissance dans les journaux de la présence d'un poulpe dans la baie cannoise. Nonobstant les consignes enjoignant les estivants à rester au bord de l'eau, Bubu, grand nageur, décida d'aller se baigner.

Début d'après-midi magnifique, le soleil à son zénith cuisait les chairs enduites d'huile solaire, sur la petite plage où il avait l'habitude d'aller. Au temps chaud, l'être humain résiste assez mal à l'envie d'aller bronzer ; mais quand la chaleur se fait trop forte entre les épaules, lorsque l'on ne sent plus de son corps qu'une grande brûlure, le besoin de se rafraîchir se fait alors plus pressant qu'une envie de pisser après quatre ou cinq bières.

Bubu ôta ses Ray-Bahn imitation Carrefour et rajusta son slip de bain, sous les yeux justement ébahis d'une enfant qui avait posé sa serviette tout près de lui. Conscient que l'éveil de sa féminité était entre ses mains, Bubu lui adressa un sourire conquérant en gonflant ses pectoraux, puis, de sa démarche chaloupée de cow-boy post-rodéo, il pénétra dans l'eau.
Un vent frais passait au-dessus de l'onde uniformément lisse ; deux jeunes filles jouaient à la raquette presque totalement nues près de lui et il envisagea un instant de compter les points. Il est vrai que lorsqu'on joue aux raquettes on a pas vraiment le temps et la tête aux points, d'autant plus lorsque le match est acharné comme ça avait l'air d'être le cas : les deux adolescentes - à peine majeures - jouaient si bien qu'elles passaient la majorité de leur temps à ramasser la balle, soit entre les jambes des bronzeurs les plus proches soit dans l'eau claire qui leur venait aux chevilles. Bubu s'approchait un peu plus d'elle lorsqu'il aperçut, assez loin de la berge, un bras qui appelait au secours, puis qui disparut soudain. Son sang ne fit qu'un tour ; il s'avança avec de l'eau jusque sous la taille - passage qu'il jugeait toujours le plus difficile - cherchant à revoir ce bras qu'il avait vu subrepticement. Cette vision gracile d'un bras de femme avait été si rapide qu'il n'aurait su dire s'il avait rêvé ou non. Il songea à la présence d'un poulpe dans la baie ; il se rappela au même instant avoir lu un article sur les animaux à la con quelque part : « Le poulpe tient une place à part dans les animaux à la con, et constitue la terreur des ménagères de plus ou moins cinquante ans, puisque son corps est en forme de sac à main dont les anses sont en réalité huit bras puissants, chacun portant deux rangées de ventouses super collantes ». Il ne se souvenait pas vraiment de la suite parce qu'il s'était endormi, mais c'était déjà passablement effrayant.
Conscient que c'était peut être là sa chance, d'une part de passer au vingt heures chez Schönberg ou Chazal, d'autre part de pouvoir peloter discrètement la femme qui se noyait, il s'engagea dans l'eau tel le géant Moussa entrant dans Paris pour la cérémonie d'ouverture de la Coupe du Monde 98.

Sa progression fut rapide. Bubu nageait comme une loutre, sauf qu'il conservait toujours la tête hors de l'eau pour ne pas perdre de vue l'endroit où il avait cru voir la femme. Puis quand il se sentit assez proche, il plongea. Quiconque a vu un jour un épisode de l'Homme de l'Atlantide peut se faire une idée assez exacte de la progression de Bubu sous l'eau ; il nagea vers le fond, instinctivement, et là, alors qu'il n'y croyait plus, alors que ses poumons commençaient à manquer d'air, il le vit. Lui, le Poulpe Géant. Celui-là même dont on disait "la vache !", sauf que c'était un poulpe.

L'animal entraînait vers le fond une femme dont Bubu ne pouvait rien distinguer d'autre que ses pieds, tant les tentacules du monstre la recouvrait. De fait, c'était un poulpe super gros, dont les bras faisaient bien 10 mètres. Sous l'eau, leurs regards se croisèrent, Bubu lui lançant un défi muet, le Poulpe Géant lui répondant d'un air, ma foi assez abscons, mais bon, c'est rien qu'une bestiole après tout, hein ?
Le combat était inéluctable. Alors que Bubu, en grenouille maintenant, avançait résolument vers sa proie, le Poulpe se sentant menacé usa de sa botte secrète : il lâcha un pet tonitruant qui brouilla l'eau. Bubu riposta mais l'odeur ne fit aucun effet au mollusque habitué aux fonds marins. Dans cet océan désormais noir, notre héros se sentit soudain perdu ; il ne le voyait plus, où était-il ? Comprenant qu'il n'avait pas d'autre solution, il nagea vers le fond pour éviter le nuage d'encre, et aperçut son ennemi s'enfuir avec, dans ses bras, sa victime.
Bubu se sentait à bout de souffle mais savait qu'il n'avait pas le droit d'abandonner. Il laissa de côté la nage de la grenouille, stylisée mais trop lente, et embraya sur la nage du marsouin, plus rapide.
De fait, la distance diminua entre eux. La poursuite s'éternisait mais Bubu tenait bon, comprenant qu'en se mettant dans le sillage de la Bête il pouvait profiter de l'aspiration qu'elle provoquait sous l'eau. Dans la longue lutte sous-marine qui se jouait, dans ce combat de titans qui n'est pas sans évoquer la lutte entre Tintin et Rastapopoulos, ce fut le Poulpe qui céda.

Epuisé, il lâcha sa proie et se tourna vers Bubu, certes plus maigre mais ô combien plus glorieux à rapporter chez lui ; le Poulpe Géant savait qu'avec une telle prise il pourrait se la raconter pendant un bon moment auprès de ses voisins les Sardines.
La deuxième phase du combat s'engagea. En arrière-plan, Bubu vit la femme remonter tant bien que mal à la surface. Soulagé qu'elle soit encore en vie après cette heure et demie (minimum) de poursuite sous-marine, il fonça sur son ennemi pour le prendre à la gorge, évitant avec brio les 8 tentacules géantes qu'on lui opposait. Vraiment furax maintenant parce qu'il devinait que la partie de raquette sur la plage avait dû prendre fin, Bubu agita les bras en poussant des cris d'orfraie sous l'eau, tout en nageant en tout sens pour déstabiliser l'adversaire et il réussit par ce stratagème efficace à faire des noeuds avec les bras du Monstre. Désemparé, la Bête tenta d'utiliser sa botte secrète une seconde fois, mais Bubu s'en souvint à temps ; il évita le nuage d'encre et attrapa le Poulpe par les narines, avant de lui coller une bonne baffe dans la gueule.

Humilié, sans défense, le Poulpe Géant se laissa dériver dans les abysses, tandis que notre héros, bon joueur, lui faisait un doigt.
Puis il remonta à la surface pour prendre une gorgée d'air. Il se rendit compte alors qu'on ne voyait plus la côte, mais dans le même coup d'oeil il vit la femme qu'il venait de sauver qui faisait la planche. Il nagea vers elle, l'étrangla du bras droit comme il avait vu les sauveteurs le faire dans un documentaire sur Cousteau, puis il la ramena vers la côte en se dirigeant avec le soleil.

"Mon dieu j'ai eu si peur, qui êtes vous ? demanda la femme.
_ Bubu. Palamède Bubu. Tu peux m'appeler Bob.
_ Oh Bob, comment avez-vous fait pour mettre en fuite cette affreuse bête ?" La femme tremblait dans ses bras, il la sentait à bout de force, aussi baissa-t-il sa prise du cou à la poitrine pour mieux la maintenir (et uniquement pour ça, hein ?)
" Je lui ai dis qu'il n'avait pas le droit de priver le monde d'une si belle femme, répondit Bubu dans un sourire ultra-bright.
_ Oh Bob !
_ Regarde le ciel, tu vois ces étoiles ? Elles sont là pour nous guider ..."
Il lui débita encore tout un tas de conneries en profitant de son état et la ramena jusqu'à une plage déserte.
"Où sommes-nous Bob ? Mon dieu, nous ne sommes pas à Cannes : je ne vois pas de pouffiasses sur la plage et il n'y a pas de ferraris sur la promenade ! Oh la la mon dieu nous sommes perdus, comme dans Lost les disparus !
_ N'aie pas peur, je suis avec toi, répondit Bubu. Je me suis dit que tu n'avais jamais vu l'île du Levant. Tu sais que c'est une plage nudiste ici ?"

Le lendemain, lorsqu'ils rentrèrent ensemble de Cannes, les journaux ne disaient pas un mot de l'exploit que Bubu avait accompli seul. Cela n'avait pas d'importance, car Bubu savait, tout au fond de son coeur, que la lutte contre le Poulpe Géant ne faisait que commencer.
Que le Monstre reviendrait.
Et que lui, Palamède Bubu, serait là pour le combattre à nouveau.


BUBU ET LE PORTRAIT A LA BARBE : EPISODE 3
Son idylle avec Odile avait tourné précocement en eau de boudin. Désespéré, Bubu errait sur la Croisette, sans plus voir les filles à demi-nues qui passaient près de lui. En short, santiags et tee-shirt potiron, il avait chaud et il souffrait.

En début de soirée, il se posta près d'une sortie de plage pour observer toutes celles qui se rhabillaient pour rentrer chez elles. Quelque part il espérait un peu y retrouver Odile, ou au moins les filles qui jouaient aux raquettes la veille, lorsqu'il avait aperçu le Poulpe Géant, son ennemi tutélaire. Malheureusement, il ne reconnut dans la trentaine de personnes encore sur la plage que la femme-aux-cris qu'il avait rencontré le jour de son arrivée - là encore tout s'était terminé trop vite, alors même que Bubu depuis la terrasse de l'appartement l'apercevait autour de sa piscine et prenait la décision certes un peu rapide de balancer de toute ses forces, en direction de la piscine, la première chose qui lui passait sous la main, il la voyait ôter son maillot de bain. Bubu s'était alors précipité à bas de l'immeuble, en rappel le long des balcons - souhaitant bon appétit aux couples de petits vieux qui dînaient dehors - et avait couru vers la propriété de la grosse femme.
"Hi, my name is Bioubiou, dit-il lorsque la femme, précipitamment enroulée dans un peignoir de bain lui avait ouvert la porte du jardin. I'm coming in order to recover my electric barbecue, please."
La femme, peu anglophone, le regarda avec l'air hébétée de la femme qui vient de se prendre un truc sur la tête. Et de fait, elle venait effectivement d'être attaquée par un objet volant non identifié, qu'elle avait reçu en pleine tête et l'avait laissé groggy un bon moment. Bubu vit qu'elle avait encore une chipolata coincée dans les bigoudis, et quelque chose coulait sur son front - sang ou jus de viande, qui sait ?
"Oh my god, you're hurt ! s'écria Bubu en entrant de force dans le jardin, comprenant que c'était sa chance.
_ Mais, mais, vous parlez français, non ?
_ Oui, pourquoi ? Pauvre femme, dit-il en apparté, elle est complètement sonnée. Je vais vous mettre quelque chose", ajouta-t-il, la faisant rougir jusqu'au jus de viande.

Un bandage en papier toilettes autour du front, la femme toujours en peignoir offrit à boire à notre héros, qui la dévorait des yeux. Ils parlèrent de leurs parcours respectifs, Bubu lui racontant la foi où il avait sauvé la vie d'une personne âgée pendant la canicule (la seule vieille morte noyée de tout l'été 2003, un exploit !), elle lui avouant qu'elle aimait beaucoup les gambasses melba.
Cela faisait bien un bon quart d'heure qu'il s'emmerdait quand Bubu avisa, au bord de la piscine, un drôle de tableau qu'on eut dit sorti tout droit des Choristes.
"Oui, dit-elle en réponse à sa question muette, je peins des portraits.
_ Oh voudriez-vous me tirer le portrait, chère Petula ?
_ Je vais chercher mon chevalet."
Bubu tenta bien de la rappeler pour lui dire qu'il ne faisait pas d'équitation, mais elle était déjà partie. Elle revint vite avec un crayon et un bloc dessin, dans le but d'effectuer quelques croquis - elle peindrait seule ensuite, à partir des croquis. Comme elle lui avait dit de se préparer à poser, Bubu s'était mis totalement nu, debout un pied posé sur une chaise et les bras vigoureusement croisés sur son torse velu. Petula eut un mouvement de recul à sa vue, mais effectua tout de même son travail, en tachant de se concentrer sur le visage, puisqu'elle ne peignait pas les corps.

Lorsqu'elle eut fini, Bubu en avait marre. Il alla voir le résultat et dit suffisamment fort pour être entendu de l'immeuble : "Oh oui c'est bon" puis il allait tenter sa chance une dernière fois en lui arrachant le peignoir lorsque le mari de Petula, Clark, arriva.

De retour de l'hôpital, Bubu joua avec son fauteuil roulant à dévaler les marches du festival pendant un jour ou deux.

Et ce soir-là, le lendemain de sa bataille avec le Poulpe, Bubu vit que Petula avait parfaitement récupéré de son choc avec le barbecue ; il la vit sans s'émouvoir enfiler son bermuda rose par dessus son string, pensant au temps qui passe. Près de Petula, un pauvre type empressé tâchait de lui faire la conversation et cela fit rire Bubu, lui qui était si loin de tout ça, de le voir peiner lamentablement pour ne serait-ce qu'arracher un peu d'attention à une grosse femme puante qui lâchait des cris tout môches.

Bubu avait conservé tout de même un souvenir de cette soirée avec Petula ; outre les affabulations dont il avait abreuvé tout le monde - il leur avait raconté s'être fait attaqué par une meute de chiens enragés pour justifier ses deux jambes cassées et ses cocards - Bubu avait reçu la visite de Petula à l'hôpital et elle lui avait apporté le croquis qu'elle avait fait de lui.
Cet hommage qu'elle rendait à sa beauté naturelle ne lui fit ni chaud ni froid - il était au-dessus de ça - mais il accepta le geste comme un espoir de réconcilliation.


BUBU ET L'AUTOROUTE A8 : EPISODE 4
Intermède contemplatif entre deux résidence d'été, l'autoroute A8 devait offrir à notre héros une nouvelle occasion de briller aux yeux hélas trop aveugles de ce monde cruel et sans pitié pour qui sait comme lui uriner debout face à la mer.

La tête dodelinant contre le dossier de la plage arrière, entre un sac de linge sale et une glacière rouge et blanche, Bubu se laissait bercer par les cahots de la route et le vrombissement de la Twingo lancée à vive allure sur la voix de gauche. Les oeufs pochés sur toasts froids, qu'il avait pris sur le pouce juste avant le départ, n'avaient pas passé le premier péage ; mais maintenant ça allait un peu mieux. Il évitait simplement de regarder droit devant lui car avec la ventilation mise à fond, son haleine lui revenait dans les narines et il trouvait cela fort déplaisant.
Le soleil déjà haut dans le ciel tapait dur sur la petite voiture, et Bubu, seul et presque nu à l'arrière - il avait dû abandonner ses vêtements souillés sur la bande d'arrêt d'urgence afin de ne pas trop empester l'habitacle - s'était assoupi, rêvassant à son combat contre le Poulpe Géant et l'époux de la grosse femme-aux-cris.
Bubu et son équipe avait pris le cap vers l'Ouest, direction un camping pas trop loin de Toulon ; objectif : choper des gonzesses. Enfin, pour l'objectif, Bubu n'en avait pas encore parler aux autres. Mais, pour lui, en tout cas, c'était ça l'objectif.

Ils durent s'arrêter sur une aire d'autoroute lorsque Bubu leur annonça, comme il l'avait déjà prédit à la gare de péage précédente, qu'un oeuf n'était pas encore remonté. La voiture fit un dérapage sur la poupée d'une enfant qui jouait sur une place handicapée et Bubu en sauta comme un diable sur son ressort, se précipitant vers les toilettes les plus proches.
Malheureusement, dans sa précipitation, ce fut dans les toilettes pour dames qu'il pénétra, et gerba l'oeuf et - tiens donc - un peu du repas de la veille au soir (coquillettes à la tomate et sandwich rillettes-camembert), le tout directement dans l'évier car il était très adroit. La femme qui se lavait les mains dans l'évier voisin en reçut bien un peu dans l'oeil gauche, mais elle avait bon caractère et étala un peu plus son mascara violet en se frottant l'oeil.
"Vous avez l'air malade jeune homme, lui dit-elle avec un flegme tout britannique encore qu'elle soit de Brou sur Chantereine.
_ Vous croyez ? grimaça-t-il en la regardant, sentant aussitôt et sans pour autant qu'il y ait un lien de cause à effet que son estomac se retournait une nouvelle fois.
_ Je sais de quoi je parle. Moi-même j'ai un ragondin qui ne supporte pas la voiture. Comme vous il a pris l'habitude de vomir partout les jours de départ."
Il aurait bien poursuivi la conversation plus longtemps, mais il y avait ses amis qui l'attendaient alors si elle voulait bien l'excuser et recevoir ses voeux de bonne journée. Il allait sortir des toilettes pour dame lorsqu'elle ajouta quelque chose qui lui glaça les sang :
"Tu ne t'en tireras pas comme ça Bubu. Tu pensais vraiment que le Poulpe te laisserait t'en tirer sans avoir sa revanche ?"
La femme se tenait telle Super Nanny, les poings sur les hanches, l'air agressif de la femme enceinte à laquelle on va voler son deuxième petit déjeuner. Il voulut balbutier quelque chose, des gouttes de sueur froide lui coulant dans les yeux et le long de la colonne vertébrale ; il se rendit compte brusquement qu'il avait déjà vu cette femme quelque part, elle lui rappelait obscurément quelqu'un, mais qui ? Il se frotta les yeux pour les déciller, et quand il regarda à nouveau, la femme n'était plus là.
Mais l'avait-elle jamais été ?

Nous lui assurâmes que personne n'était sorti des toilettes pendant qu'il y était, mais il ne voulut pas nous croire et courut dans le parking en agitant les bras et prenant les gens à partie : "Avez-vous une femme qui ressemblait à un Poulpe Géant ?" Bien entendu, tout le monde le regardait comme s'il était fou. Et de fait, nous n'étions pas bien sûr qu'il n'avait pas attrapé un coup de chaud dans la voiture, en plus de son indigestion. Lorsqu'il arriva près d'une petite fille, celle-ci en voyant un arriver un grand escogriffe en slip couleur abricot qui agitait les bras en poussant des cris de bête, prit peur bêtement. Ses parents appelèrent la police et nous dûmes partir.
Nous attrapâmes Bubu tant bien que mal alors qu'il sautait sur les voitures, de la bave aux lèvres et les cheveux dressés sur la tête ; nous parvînmes à l'attacher à l'arrière de la voiture et je démarrai en trombe, reprenant l'autoroute A8 sous le même soleil de plomb.

Alors que je faisais une queue de poisson à un camion pour m'engager, je crus apercevoir, parmi les coquelicots du talus sur la droite, une femme au visage étrange.
"Regarde c'est Super Nanny, dis-je à l'adresse de Bubu. Si t'es pas sage on va l'appeler pour s'occuper de toi."
Il était dans les vapes alors, mais je vis son oeil torve s'allumer et il murmura quelque chose d'indistinct, que je ne compris que bien plus tard, comme un défi à la face du monde et des crustacés plus particulièrement.
"Je suis prêt, espèce de fruit de mer à la con !"


BUBU ET LE CAMPING : EPISODE 5
Cela fait deux journées entières que Bubu se trouve au Camping. Il y a pris ses marques et drague ouvertement la caissière de la boulangerie-presse-tabac-supérette. De ses aventures cannoises, il lui reste quelques stigmates qui tels de mauvais rêves mettront longtemps à l'abandonner.

En effet, Bubu à Cannes était allé visiter la villa de Mon Incroyable Fiancé ; favorablement impressionné par le potentiel de cette émission culturelle et engagée à la fois, il avait décidé de tenter sa chance pour la probable deuxième saison et donc entrepris un régime uniquement à base de fruits de mer - dont son allergie non soignée pouvait introduire un nouveau pallier d'excellence en deuxième saison.

Et alors qu'il se balladait en serviette de bain dans le camping, Bubu devait subir les regards certes un peu appuyés mais surtout très impressionnés des filles du camping. Certes, son visage commençait à être ravagé par la mousse et les champignons qui s'y développaient, mais les cloques purulentes n'étaient pas encore sorties et il ne désespérait pas se taper la caissière en tirant bénéfice d'une douche commune.

Il faut dire ce qui est, les femmes ne sont pas faciles. Après trois refus consécutifs, nets et sans espoirs, Bubu dut se faire recoudre les lèvres suite au coup de pain de glace à 2 euros qu'elle lui avait assenée en plein visage alors qu'il lui tendait les lèvres pour une étreinte romantico-érotique qu'on ne trouve plus guère que sur M6 certaines soirées dominicales.

Alors Bubu entra en dépression. Il errait sur la plage près du camping et regardait la mer, cherchant des yeux l'ennemi qui avait fait de lui une star internationale auprès de la femme qu'il avait sauvée des eaux.
Il avait beau garder obstinément les yeux fixés sur l'horizon méditerranéen, bousculant et marchant sur les gens sottement allongés sur le sable chaud, il ne distingua rien pendant toute une journée, et il allait rentrer prendre sa douche dans les sanitaires refaits, vers minuit une heure du matin, lorsqu'il le vit.
Sautant au-dessus des eaux limpides et noires de la Grande Bleue, le Poulpe Géant l'appelait, lui faisant coucou avec deux de ses huit bras. Bubu hésita un moment. Certes il pouvait aller combattre le Monstre une nouvelle fois, mais d'une part il avait oublié son masque de plongée et le harpon qu'il avait taillé dans une branche de bambou, et d'autre part il avait un peu mal au cul d'être resté assis sur le sable une bonne partie de l'après-midi. Voyant au deuxième saut acrobatique de la Bête Infâme qu'elle n'avait visiblement pas d'otage féminin à sauver, Bubu lui tira la langue en lui adressant un bisquebisquerage retentissant. Puis il rentra au camping.

Quelques dizaines de minute plus tard, il prenait sa douche, la porte ouverte sur le couloir des waters, son corps rouge et blanc tendu vers le pommeau de la douche, savourant la caresse de l'eau chaude sur son visage grisâtre.
Il en était à se savonner avec son Tahiti Douche sensation Fraîcheur Extrème lorsqu'il entendit quelque chose, comme un crissement métallique sur le carrelage, un bruit qui lui vrilla les tympans et lui glaça les sangs. Au même moment, l'eau s'arrêta et Bubu, couvert de savon des pieds à la tête, tendit son oreille cloquée. De nouveau le même bruit, mais plus proche, horriblement plus proche de sa cabine de douche. Il perçut comme un ricanement abominable dans le souffle rauque de ce qui, il le savait maintenant, approchait inexorablement de lui.
En un instant il vit repasser devant ses yeux plein de mousse les instants fabuleux qui avaient parsemé son existence terne et sans saveur : sa naissance à Brou sur Chantereine, où il avait connu son premier émoi orgasmique en regardant Denise Fabre présenter les programmes du soir, sa rencontre avec une marmotte un soir de Noël solitaire auprès d'un sapin trop souvent délaissé par une famille démobilisatrice, sa première manifestation syndicale à quinze ans, lorsqu'il avait protesté à juste titre contre la réforme du bac "trop zinjuste c'est dégueulasse y en a marre". Tout cela ne prit qu'une seconde dans son esprit. Encore que le bruit ne soit qu'à quelques pas de sa cabine de douche, il pouvait presque voir le Poulpe Géant qui dans sa haine insatiable de salopard partouzeur de droite l'avait suivi jusqu'ici pour assouvir sa soif de vengeance. Et Bubu, soudain, au milieu de cette douche dont l'eau ne voulait désespérément pas repartir, Bubu eut peur.

Car s'il avait eu le dessus dans l'eau, qui est et a toujours été son élément favori, Bubu craignait que le Poupe soit beaucoup plus retors sur la terre ferme, a fortiori sur du carrelage - qui se trouve être la terre ferme parmi les plus fermes avec le béton armé et le parquet flottant.
Alors qu'il retenait son souffle, il entendit que le Monstre était là, tout près. Pétrifié, grelottant de froid, Bubu comprit qu'il n'avait d'autres recours qu'une fuite stratégique éclair. Il prit son Tahiti douche et sa serviette dans une main, ses jambes à son cou et sortit en vociférant de la cabine de douche, agitant les bras en couinant comme il savait si bien le faire, bousculant au passage une masse informe, énorme amas de chair qu'il reconnut pour le Poupe Géant déguisé en femme de ménage.
Celle-ci, tombant sur le derrière, poussa un petit cri de surprise.
"Crénomdidjiou ! Jvoulais juste faire les douches, moua !" s'écria la femme en vitupérant contre l'administration du camping qui ne l'avait pas prévenu que des lépreux en phase terminale se lavait dans les douches communes.

De son côté Bubu ne se rendit compte de son erreur qu'une fois revenu à sa tente, lorsque nous lui annonçâmes que nous avions vu la grosse Gisèle qui allait nettoyer les sanitaires. Quoiqu'il fut nu et qu'il soit difficile pour nous de nous concentrer sur le jeu de cartes trépidant commencé il y avait des heures dans la soirée, nous l'invitâmes à passer un slip et, bons camarades, lui proposâmes de s'asseoir avec nous.


BUBU ET L'AUTOCRITIQUE FREUDIENNE : EPISODE 6
Il fallait bien le reconnaître, il avait déconné. Déconné grave, même. En croyant se faire attaquer par le Poulpe Géant dans les sanitaires, oubliant au passage cette loi quasi-universelle qui veut que les Poulpes, aussi géants soient-ils, n'ont ni papatte ni pouce opposable leur permettant de saisir de petits objets telle une poignée de porte des sanitaires (lesquels sont fermés la nuit en raison des tapages nocturnes inhérents à toute activité douchophile), Bubu avait manqué de respect à toute une branche honorable des professions du camping.
Le lendemain, pétri de remords, il alla à la réception du camping, prêt à assumer la terrible responsabilité de ses actes.


Derrière son comptoir, un jeune homme beau et fort accueillait les nouveaux arrivants dans la langue de Goethe. C'était tout à la fois impressionnant, pour tous les germanophiles qui arrivaient, et totalement ridicule, pour tous les autres. Il s'appelait Nick mais son véritable prénom était Nicomède, source inépuisable de moqueries qui allait de paire avec son origine grecque. A ces plaisantins qui s'amusaient à lui jeter des cailloux en le traitant de "tafiole", Nick rétorquait toujours avec politesse et bienveillance que, après tout, on ne choisit pas ses parents, on ne choisit pas sa famille, on ne choisit pas non plus les trottoirs de Manille, de Paris ou d'Athènes pour apprendre à marcher, et que de ce fait, être né quelque part, ben pour celui qui est né, c'est quand même vachement souvent un hasard.
"Bonjour monsieur Tamaire, déchiffra Bubu en utilisant sa vision optique pour lire le badge du jeune homme derrière le comptoir d'accueil. J'ai eu un léger problème hier soir dans les sanitaires ...
_ Ah bien sûr ! s'exclama Nick en tapant sur la table. C'est vous qui avez vomi partout ?
_ Non, non pas depuis quelques jours.
_ Ah, bon, dommage. Parce qu'il y a un saligaud qui a tout salopé les cabinets handicapés, et msieur Stefa est ben emberlificoté pour aller aux water maintenant. D'autant que l'homme de ménage ...
_ Justement, interrompit Bubu dont le ventre vide se gargarisait de l'évocation truculente du bon réceptionniste, j'ai eu un problème avec une femme de ménage la nuit dernière ... en fait, vous allez rire, j'ai cru que je me faisais attaquer par un Poulpe Géant, et en m'enfuyant je crois bien l'avoir percutée ..."
De nouveau Nick cogna sur la table.
"Il n'y a pas de femme de ménage la nuit sur les campings monsieur Bubu, elles se faisaient continuellement violer. Non, maintenant il n'y a plus que des hommes de ménage la nuit. Mais je vois de quoi vous parlez, c'est vous qui avez cassé le cul de msieur Nicolas S. ?
_ Euh c'est-à-dire, je n'ai pas eu de relations depuis un moment, vous savez ...
_ Non, je veux dire, vous l'avez percuté, il est tombé et il s'est cassé le cul !
_ Un tel sens du professionnalisme, c'est tout à fait estimable, estima Bubu d'un air sentencieux, qui se trouvait justement être l'air qu'il affectionnait le plus après le conditionné. Je venais lui présenter toutes mes confuses pour ce malheureux incident.
_ Je transmettrai. Il sera très touché.
_ Il a bien de la chance. J'ai toujours su que les grecs étaient homosexuels du cul."
Comprenant au visage cramoisi et à la diatribe de Nick qu'il avait fait une nouvelle bévue, Bubu battit en retraite vers sa tente. Décidément, quelque chose semblait cassé en lui et il ne lui arrivait plus aucune aventure merveilleuse, comme si Dieu en son infinie bonté créatrice lui refilait tous les plans foireux de la terre.
"Qu'il y vienne ce iésus de mes couilles, qu'il y vienne !"


BUBU ET LA REVANCHE DU POULPE : EPISODE 7
Un matin peu après 14 heures, Bubu se rendait à la boulangerie du camping, le coeur léger, le pas alerte, avec dans la tête tout un tas de chansons très chouettes, du style "on s'était donné rendez-vous dans dix ans", ou encore la très controversée "awanagaine".
C'est là, sur le chemin poussiéreux qui menait à l'entrée du camping, que la nouvelle le frappa de plein fouet tel un tsunami en Asie du Sud-Est.


"Herr Boubou, Herr Boubou, s'écria la Bavaroise qu'il avait honoré pas plus tard que la veille au soir dans le local à ordures, es ist eine Schreckensbotschaft !"
Calmement il détacha de son cou les bras gluant de protection solaire de la grosse blonde et chercha dans sa mémoire où il avait bien pu entendre ce drôle de mot auparavant. Au bout d'une dizaine de minutes, il se souvint d'un cours d'Allemand au lycée, où quelqu'un avait fait un exposé sur l'annonce de la hausse du prix du baril de pétrole en Ossétie du Nord au vu du contexte politico-économico-terroriste qui sévit là-bas actuellement.
"Quelle est donc cette terrible nouvelle Grut ? demanda-t-il à la femme dont il n'avait pas retenu le prénom - cela dit Grut lui allait comme un gant.
_ Il y a une bête monstrueuse qui a kidnappé un car scolaire plein d'enfants !
_ Mais foutre-dieu que faisaient-ils donc dans l'eau avec tous ces enfants ? J'ai prévenu la capitainerie et Bilto-Magazine que la mer était dangereuse depuis quelques jours ! Ah les cuistres, les infâmes, les enculés, ils n'ont eu cure de ce que je leur avais dit, malgré la façon de telle que ce que je le leur avais bien dit !"
Encore qu'elle soit germanique de naissance, Grut ne comprit pas un mot à ce que Bubu venait de dire dans la langue de Grut, euh de Goethe.

Faisant ni une ni deux, Bubu se précipita vers la plage, oubliant ses lunettes de plongée et son harpon de bambou. Une nouvelle fois il allait devoir affronter le Monstre Sanguinaire seul et à mains nues. Il scrutait la mer depuis une quinzaine de minutes lorsque Grut, qui venait d'arriver, lui indiqua le car scolaire qui flottait à quelques encablures de la côte. "Ah, dit Bubu en ôtant ses tongues, j'ai cru que c'était un prince arabe dans son yacht".
Le ciel était d'une pureté absolue en cette fin de matinée, des enfants jouaient sur la plage sans se douter que là-bas, au large, allait se jouer l'un des combats les plus titanesques depuis le duel federer-agassi au dernier US Open ; les enfants sont égoïstes : ils jouaient en riant dans le sable, alors qu'au même instant, dans le monde et plus précisément sur cette grande étendue d'eau salée, d'autres enfants étaient condamnés à regarder en boucle les cassettes vidéos choisies par la maîtresse pour leur trajet en bus.

Bubu nagea tranquille au début, puis accéléra sur la fin pour tenter de surprendre le Poulpe, qu'il n'avait pas encore vu. Arrivé à proximité du bus flottant, il en fit le tour à la recherche de son ennemi, mais en vain. Le Monstre semblait avoir disparu, comme s'il était tapi dans sa tannière secrète et attendait que Bubu ne se noie.
Mais Bubu avait plus d'un tour dans son slip - oui il n'avait pas pris de sac cette fois-là - et il décida de monter à bord du bus pour rassurer les enfants et voir s'il n'y avait pas une accompagnatrice d'environ 18 ans. Malheureusement pour lui, il n'y avait dans ce bus que des gosses braillards, une maîtresse névropathe au bord de la crise de nerf et un chauffeur que les aventures de Roger Rabbit à l'écran faisait hurler de rire.
Bubu allait quitter le bus quand quelque chose, un je-ne-sais-quoi, attira son attention. Quelque chose clochait dans ce bus. Il attrapa la maîtresse par la tignasse et lui demanda combien il y avait d'enfants dans ce bus. "Nous étions 35 au départ de la Courneuve mais il ne devrait plus y en avoir que 30 : nous en avons perdu 5 sur une aire d'autoroute, ils ne voulaient pas finir leur sandwich sardines-nutella". C'était ça qui clochait, Bubu en était sûr maintenant. Avec sa vision périphérique hyper adapté aux ambiances festives, il avait bien sûr remarqué qu'il y avait plus de 30 élèves dans ce bus.

Il comprit alors que le Poulpe, cet animal fourbe mais néanmoins pétri d'une soif de connaissance qu'on ne retrouve plus guère que chez les présentateurs de docs animaliers sur Arte, avait décidé de se payer une visite gratuite sur l'île de Porquerolles. Bubu alors avança dans les rangs, dévisageant tour à tour les enfants braillards qui présentement jouaient à se lancer des flamby sans décoller la languette qui se trouve sous tous les pots, rapport à ce que pour démouler, ben c'est plus rigolo. Il en était vers la moitié du bus et venait de dépasser un enfant particulièrement moche, tout rose avec une casquette de l'OM sur la tête, lorsqu'il s'arrêta, frappé par cette loi universelle : le bus venait de la Courneuve, et l'enfant avait une casquette de l'OM. De plus, il était le seul à ne pas crier ni jouer.
Bubu n'eut pas le temps de tirer les conclusions de ses déductions hallucinantes que le Poulpe, se sentant découvert, lui sauta à la gorge, faisant claquer ses impressionnantes canines à deux tentacules de la carotide de notre immortel héros. Bubu tomba à la renverse, maintenant le Poulpe à bout de bras pour ne pas être mordu. Mais la Bête était bien la plus forte : elle se mit à assener à Bubu une série de claques dans la gueule bien senties, cependant que Bubu réessayait toutes les techniques de combat qui avaient fait leur preuve à Cannes : pets perturbants, cris inquiétants, coups de boule offensants. Rien n'y fit, le Poulpe ne voulait pas le lâcher et Bubu commençait à souffrir grandement dans sa chair, le visage tuméfié par les coups de la Bête.
C'est alors qu'il eut sans doute l'idée la plus brillante de toutes ses vacances : il ouvrit de grands yeux exorbités, fixa son regard juste derrière l'immense tête du crustacé en furie et cria : "Attention derrière toi !" ; pris à ce piège grossier, le simili-poisson inquiet se retourna pour parer l'attaque imaginaire et Bubu en profita pour reprendre définitivement l'avantage. Enchaînant coup de boule et coup de genoux dans les testicules, il jeta la Bête à la renverse avant de se redresser pour le cogner à son tour. Vaincu, se traînant misérablement sur le sol, le Poulpe n'oppose plus de résistance ; Bubu lui décoche bien encore quelques coups de raquettes de plage sur la tête, en souvenir des jeunes naïades dont il gardera toujours un souvenir ému les soirs de pleine lune, puis il attrape le mollusque groggy par les tentacules et lui lie les bras solidement.

Rentré sur la plage en héros, Bubu remit le Poulpe Géant aux autorités, à savoir un maître-nageur et Nick, le réceptionniste du camping, qui était aussi, à ses heures perdues, pompier volontaire sur la plage.
"Ah tiens c'est toi Bogdanoffe, dit Nick en s'adressant au Poulpe, je t'avais bien dit que tu finirais par te prendre un pain dans la gueule."
Bubu rentra au camping. Il n'avait pas le coeur à répondre aux innombrables demandes d'interview qui s'accumulaient sur son portable. Il vit que tout le camping s'était rassemblé autour de sa tente et attendait le récit pharaonique qu'il allait en faire. Il choisit deux ou trois pucelles parmi le lot qu'on lui avait amené - l'homme qui les maintenait en laisse avait un projet de secte dont Bubu aurait pu être le Grand Gourou et lui-même le Petit Gourou, les bénéfices étant partagés à 60-40 entre les deux hommes. Bubu n'avait pas le temps de s'occuper de cela pour le moment.

Cinq minutes plus tard, seul dans sa tente - les pucelles avaient eu leur compte, du moins la première - Bubu songeait à ces vacances épiques qu'il avait connu. Il savait que le lendemain, il lui faudrait partir tel un poor lonesome cowboy, qu'il allait rejoindre Paris et ses occupations ordinaires. Mais il est de fait que, durant sa lutte de longue haleine contre le Poulpe Géant, Bubu avait fait des découvertes essentielles sur la nature humaine qu'il n'oublierait jamais, dut-il ne plus jamais regarder les feuilletons de l'été sur TF1.


BUBU ET LE SPLEEN DE RENTREE : EPISODE 8
Dans le ciel azuré, de longues voiles blanches habillent l'horizon. Paris est en vue et Bubu est de retour, retrouvant la civilisation après ce long séjour sudiste.

Sa gorge est serrée d'émotion tandis que la Twingo crapahute entre les files de voiture. Cela fait une dizaine d'heures qu'ils sont partis et les embouteillages semblent les avoir accompagnés toute la journée. Bubu leur a proposé d'emprunter la bande d'arrêt d'urgence, pendant que lui passerait la tête par la fenêtre en criant "houhouhouhou" mais son imitation des gyrophares, certes ambitieuse, n'était pas au point.
Oui, Bubu est ému à l'idée de retrouver ses habitudes parisiennes, les affres de l'administration universitaire, son amie la marmotte, l'ordinateur qui accompagne chacune de ses journées mornes et sans avenir, et bien sûr les épisodes enregistrés avec soin de l'Ile de la tentation. Mais comment retrouver une excitation semblable à celle éprouvée sur la plage de Cannes, ou au camping, dans cet enfer pollué qu'est la capitale ? Car à moins de le demander très gentiment, il n'y a pas, sur les trottoirs mouchetés de crottes, de jeunes filles plus qu'à demi-nue jouant aux raquettes avec dextérité. Au mieux - ou au pire si l'on en croit mon avis - on ne peut guère voir qu'Amélie et Marie jouant aux raquettes. Mais bon, Bubu, c'est pas son genre.
De retour dans sa petite chambre tapissée d'orange clair, Bubu ressent avec acuité la solitude de son état. Il a beau jouer un moment avec sa marmotte et lui raconter ses fabuleuses aventures, ça ne le distrait qu'un temps et ne fait qu'accentuer ce pesant sentiment d'absence.

De son combat avec le Poulpe Géant, Bubu garde des séquelles psychologiques insurmontables : d'abord il lui arrive de pousser des hurlements stridents en agitant les bras et en roulant des yeux, exactement comme la Bête l'avait fait pour lui faire peur ; et puis il souffre d'un syndrôme de persécution aiguë qui le fait tabasser une petite vieille, aux boîtes aux lettres de son immeuble, parce qu'il l'a vue le regarder en biais ; lorsqu'il se rend aux toilettes il ne peut plus s'asseoir tant qu'il n'a pas vérifié, pendant de longues minutes, qu'une bête n'est pas tapie là, tout au fond de la cuvette, ou derrière le truc Harpic qui pendouille sous le jet de la chasse d'eau. La nuit il est pris de suées insupportables, qui l'éveillent terrifié, en proie aux doutes les plus absurdes : sera-t-il à la hauteur du prochain jeu de lettres dans les Chiffres et les Lettres, sera-t-il capable le lendemain d'effectuer les trois pompes qui le maintiennent dans une forme olympique, et surtout, sera-t-il ou non le prochain héros de Luc Besson ?

Luc l'a appelé deux jours après son arrivée à Paris. Il lui a dit "Salut c'est Luc B." et Bubu a répondu "Salut moi c'est Palamède B.", ce qui est toujours un bon moyen de commencer une conversation téléphonique. La discussion avec Luc a été à la fois enrichissante pour sa culture personnelle "Tu sais mec, lui a dit Luc, christophe lambert c'est trop un acteur super talentueux tu vois ? alors s'il pouvait jouer le rôle du Poulpe tu vois, il a déjà joué un singe dans plein de films, alors un poulpe mec, tu vois quoi !" ; mais aussi parfois très embarrassante pour son ego : "moi je pensais à Johnny Depp pour mon rôle, dit Bubu, ou bien à la rigueur DiCaprio _ Ah ouais ba moi je voyais plutôt un gars genre un yamakazi tu vois, pour pouvoir faire des cascades et tout et tout, et pis y a sami nacéri qui conduira la twingo ça pourrait le faire ! Je pensais aussi au grand retour d'Eddy Murphy dans un triple rôle : Nick Tamaire, Nicolas S. et Monsieur Stefa, trois personnages super top qu'on croirait tout droit sorti de l'imagination débordante d'un taré, tu trouves pas ?".
Bubu n'avait pas encore donné son aval pour le projet ambitieux de Luc. Il fallait d'abord qu'il pense aux personnages féminins, et puis il espérait avoir une grande vedette pour prendre son rôle, d'autant qu'il pourrait devenir sur grand écran une sorte de nouveaux James Bond. Pourquoi pas Jean Dujardin ? songea-t-il en regardant Brice au cinéma.

Vers 17h30, tous les jours, Bubu enfile son jogging Decathlon ("à fond la forme, hein?") et part courir dans les rues froides de la capitale, noyant son trop-plein de solitude dans une longue lutte contre lui-même. Il court pour fuir son passé chargé, il court vers l'avenir, un avenir qu'il espère doré, avec plein de gonzesses. Puis il pense à autre chose parce que sinon ça finit par le gêner pour courir.


vendredi 22 septembre 2006

Les aventures extraordinaires de Zak Galou : couverture



Comment ça ? Une saga aussi terrible doit respecter la tradition de la dérivation en moultes produits dérivés ! Après la BD, les films, les mugs, les portes-clés, les serviettes de bains, les chaussettes pour aller au boulot, les cravates pour les rendez-vous amoureux, les ballons de basket, les t-shirts sous la tour Eiffel, les zimages qu'il faut retourner en tapant dessus, etc...



mercredi 20 septembre 2006

La tounée d'été de Zak Galou - encore des photos exclusives !

Il faut dire ce qui est, Zak Galou est un sacré loustic. Il est souple comme un carambar eloustic, mais il est solide comme un ascenseur en panne.
Nous l'avions quitté très ému au Vatican, où il avait rencontré le Pape au cours d'une entrevue qui avait scandalisé la classe politique internationale, quand on sait qu'il y a des listes d'attente extrêmement longues pour le rencontrer.
Il fait plus fort encore aujourd'hui en sortant de sa collection personnelle deux photographies où on le voit avec deux des hommes les plus puissants de la planète.
Des photos chocs, uniquement sur le LST...


Zak Galou rencontre G.W.Bush à la Maison Beige (ça fait un moment qu'ils l'ont pas lavé); à cette occasion, le président américain aurait déclaré : "Zack est un bon ami des States, et en tant que super-héros il peut jouer un rôle essentiel dans la lutte contre le Mal; en plus il m'a apporté des places pour les seizième de finale de la Coupe de la Ligue : PSG-Lorient, c'est trop de la balle". Ce à quoi Zak Galou aurait répondu, en apparté : "Il est vraiment trop con, c'est des places dans la tribune Boulogne" On peut voir d'ailleurs sur la photo qu'il a l'air un peu barbouillé.

Quelques jours plus tard, Zak Galou se rend à Brégançon - le président a un évier bouché et Zak Galou vient lui donner un coup de main et un coup de clé de 12. La poignée de main est franche et chaleureuse. Jacques Chirac dira même après son départ : "C'est toujours emmerdant de montrer seul sa bistouquette aux paparazzis, alors quand Zak Galou est arrivé, comme on a le même hobby ... Comment ? Ah non, je n'ai pas de chien."

NB : L'une de ces deux photos - qui sont par ailleurs hautement historiques - apporte la preuve que Zak Galou est bien un super-héros à trois bras. Et l'on peut voir ici que, contrairement à ce que prétend Bubu, ce troisième bras n'est pas... enfin bref, vous avez compris. Ou alors, on se demande ce que serre Georges.


Glounterview Exclusive : Goering Casimir, Le national socialisme a t'il de l'avenir?

Le LST ne recule devant aucun scoop et est pret à faire jouer les relations familliares de ses redacteurs afin d'informer au mieux ses lecteurs. En effet aujourd'hui c'est grace au concour de la famille de Glou que nous avons eu la chance de rencontré une personalité très controversée qui a fait beaucoup pour son pays et l'Europe en général.

Il s'agit bien entendu de Ségolène Royale candidate à l'investiture du PS, femelle préférée des francais après Ingrid Betancourt, Steevy et l'iPod. C'est donc une interview exclusive que nous vous proposons de celle qui ne devoilera son programme qu'après les élections.

Glou : Ségolène Bonjour.
Ségolène Royale : Bonssour.
G : Tout d'abord nous tenions à vous remercier d'avoir accepter cette entrevue.
SR : C'est tout naturel.
G : Dans votre dernier roman publié chez Albin Michèlle "En récurant les chiottes" vous racontez votre jeunesse dans la résistance. Pourquoi avoir attendu si longtemps pour faire cette révelation?
SR : Je voudrais déjà dire cela : ce n'est pas par opportunisme electoral comme certains voudraient le faire croire. J'ai par mes engagement passé prouver mes convictions dans ce domaine. C'est un passé qui me tourmente depuis longtemps et j'attendais de pouvoir l'écrire.
G : Vous entrez dans la résistance dès 1947, outre le courage que cela demande, comment concretement avez vous vécu cet évenement?
SR : J'ai toujours étée une femme de conviction. En tant que militante j'ai toujours été présente sur le terrain. Et face à l'attitude irresponsable du gouvernement d'Adolphe Tiers je me devais de prendre des actions concrète simples pour le peuple francais.
G : Concretement?
SR : J'appartenais à un réseau dormant dans la préfecture du Poitoux.
G : Vous racontez un passage douloureux de votre vie, lorque Little Big Borne meurt entre vos mains et qu'il vous dit ces derniers mots : "nawanema newana ikea 20%".
SR : Oui je portais une blouse blanche à ce moment là. Si vous me permetez je vais lire le passage lorsque je suis sur la Santa-Maria et que j'appercois pour la première fois les Indes dans la longue vue : "et alors que je tenais entre mes mains une coupe qui s'emplisait de son sang, Il m'appela : "Marie Madeleine", dit il "Je veux 5,7% des benefices sur les ventes des DVDs et l'intégralité sur les T-shirt". Il ajouta alors avec son fort accent du Béri "et tant qu'on y est déposse l'utilisation de "Il" avec un i capital - on sait jamais ".
G : Etait ce plus fort que ce vous aviez ressentit en marchant sur Lune au côté de Neil Armstrong?
SR : Qui ca?
G : Naïl Amstrüng
SR : Ach oui je fois maint'nant. Nein, es ist nicht.
G : Warum Bitte?
SR : Deutshland ist a shon Land. Voguels Fligen. Beaucout choli. Ach oui beaucoup joli.
G : Wie und warum Strafe sein muss ist aber nicht so eindeutig. Strafen ist offensichtlich eine überlegte Art?
SR : Des fois oui, des fois non.
G : Dialectiquement comment vous situez vous.
SR : Je suis quelqun de très proche du peuple. Notre salon est exposé plein sud ce qui fait que nous entendons beaucoup parler arabe ou avec les mains. Par contre dans la cuisine c'est plutôt les voisins portugais qu'on entend le plus.
G : Sur la dernière photo que Picasso à peinte de vous, il n'a sculté que votre visage, trouvez vous que c'est la une manière machiste (pour ne pas dire homophobe) de se réferer à la femme uniquement comme un être penssant et non pas également comme à un sexe qui jouit?
SR : Je suis quelqu'un de simple et j'ai fait beacoup pour ma région.
G : Parlons en, le projet d'autoroute entre Charente et Maritime a fait couler boucoup d'encre. Le 1/3 du budget du departement y es passé, et les travaux toujours pas commencer comm...
SR : Je vous arrête de suite, j'ai fait bcp pour ma région. Veuillez passez à la question suivante s'il vous plait.
G : Bien; dans votre blog "Désirs d'avenir" vous avez utiliser des CSS, ferez vous la même chose sur le blog de l'elysée si vous veniez à être élue?
SR : Je ne sais pas je ne maitrise pas bien le HTML.
G : Dans le dernier Voici vous avez déclarer : "Je doit tout à Rodoplhe H.". Quel est cet héritage que vous revendiquez?
SR : Rodolphe à beaucoup influencé ma pensée nottament en matière d'encadrement éducatif.
G : Si vous aviez un enfant, comment l'appeleriez vous : Loulou Blue, Trésor-Trésor ou Kenzo?
SR : Je crois que je l'appelerais n°5 plutôt.
G : Que pensez vous des Juifs?
SR : Vous voulez dire des juifs? Je n'ai rien contre, j'ai d'ailleurs moi même d'excelents amis médecins. Ce sont des gens comme les autres, des gens biens.
G : Avez vous conscience qu'en affichant un tel soutient à Israël vous vous mettez à dos toutes la gauche antisioniste et risquez même un proces de SOS Racisme.
SR : Je m'en fout mon électorat est à droite.
G surpris regardant partout dans la pièce, et demande l'air inquiet : Vous voulez dire de droite?
SR : C'est cela oui.
G : Sinon un programme electoral pour 2007?
SR : Je me place au dela des rapports gauche-droite hou-bba que la societé veut nous imposser. Pourquoi avoir un programme? Quand on pense que certains stagiaires en informatique on beau avoir observé les règle du jeux ils n'en ont pas moins obtenu de résultats probant. Si pour eux ca ne marche pas, pourquoi le ferrions nous nous? Serions nous fous? C'est en suivant des programmes, des plans que les navigateurs d'aujourd'hui ne font plus que suivre de tristes routes commerciales.qui sait combien d'îles, de continents inexplorés ils auraient pu découvrir si au lieu de suivre les règles ils avaient navigué cheveux au vent à l'instinct, tels les marins d'autrefois?
G : Ségolène vous n'avez donc rien à dire?
SR : Si je voudrais ajouter que tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se pourfend.
G : Ségolène, merci.
SR : De rien.
G : Vous resterez bien prendre un verre? J'ai du Martini du Porto, du ..
SR : Je prendrais du four roses si t'en as - on peut se tutoyer?
G : Bien sur.
SR l'air pensante : Vous n'allez tout de même pas publier ca?
G : Bah un peu mon neveux!


Blog-Photos Incredible !

On le savait globbe-trotter, on le savait habitué à s'habiller en femme, voilà quelques photos authentiques de Zak Galou !

Le pape accueille Zak Galou bras ouverts sur son perron : "Comment que ça me fait plaisir de te revoir, mon vieux poteau !"

Le Pape serre chaleureusement la main à Zak Galou, qui a pensé à s'habiller en femme pour que Benoit se sente un peu moins seul

Le Pape fait coucou à Zak Galou, qui reprend la route. "A bientôt mon joli ! Reviens vite, on invitera Mahomet"

A suivre, très bientôt, la rencontre entre Zak Galou et le président des United States des Etats-Unis, où nous verrons comment il prend en considération les grands problèmes internationaux de son époque ...


mardi 19 septembre 2006

Les aventures extraordinaires de Zak Galou - Episode 11 : L'interview choc exclusive

Il y a quelques mois, Zak Galou, reporter indépendant vendu à la pipolisation galopantes de nos colonnes, faisait l'événement en publiant une longue interview avec Jésus depuis la Patagonie.
Et depuis, rien.
Ses nombreux aficionados se sont rongés les ongles dans l'attente d'un nouveau scoop. Leur attente fébrile est récompensée aujourd'hui : voilà, en exclusivité pour le LST, une interview vérité d'un éminent acteur de la scène internationale, rencontré à Courchevel où il faisait du ski en été pour éviter l'abondance de l'hivers ("En hivers, ci trop la mirde pour skier", nous confiera-t-il hors caméra).


Zak Galou : _ Oussama, bonjour. Commençons par le commencement
Oussama B.L : _ Vi, ci mieux di commenci par li commencement. Bijour Zak Galou, ji suivi ti aventures aux toilittes, citi tri bien.
ZG : _ Tout d'abord, c'est un peu une surprise de te rencontrer à Courchevel en plein mois de septembre, alors anticonformisme ou hasard du calendrier ?
OBL : _ Mi non, mi non, ci juste qu'en ci moment li location di ski sont pas chères, alors j'en profite un peu, ji pas li moyens tu sais !
ZG : _ Pourtant tu es à la tête d'une multinationale florissante, tu fais notamment des affaires avec l'Arabie Saoudite et les Etats-Unis ?
OBL : _ Les ... ?
ZG : _ Les Etats-Unis, l'Amérique si tu préfères ?
OBL : _ ... ?
ZG : _ Pardon, tu fais des affaires avec les Stazunis, me trompè-je ?
OBL : _ Ah ui, li Stazunis ! Non, non ti ti trompè-je pas; ji de tri bonnes relations avec li Stazunis, ci di bons copains ! Mi tu si ce que ci, nous autres li zommes d'affire, on a du mal à sortir du liquide ci derniers temps !
ZG : _ Petite précision avant de poursuivre : tu es polyglotte, diplômé de l'ENA, tu as séjourné longtemps en France dont tu apprécies, je cite "les ispices di counasses, li vin rouge et hiline sigara".
OBL : _ Toutafi, toutafi
ZK : _ Dans ce cas, pourrais-tu arrêter de prendre cet accent à la con, c'est chiant à retranscrire.
(Eclats de rires généraux)
OBL : _ Oh désolé Zackarias, c'est la déformation professionnelle tu comprends.
ZG : _ Je te remercie Oussa. Pour continuer, et avant d'aborder le vif du sujet, quelques questions en vrac, réponds le plus vite possible ; c'est pour capter un peu de spontanéité. On y va :
OBL : _ Vas-y, envoie la sauce !
ZG : _ Le coup de boule de Zidane, il a eu raison ou pas ?
OBL : _ De fait non, c'est un geste condamnable sur un terrain de football, notamment quand on sait que des millions de ptits n'enfants regardent la télévision. J'imagine sans peine leur désarroi devant le geste de leur idole ! Moi-même, j'en étais dégoûté ma race.
ZG : _ Tu achètes le calendrier des Dieux du Stage ?
OBL : _ J'ai celui de l'année dernière dans les toilettes, avec tes aventures !
ZG : _ Tu aimes ?
OBL : _ Ca fait un peu chier
ZG : _ Le 11 septembre 2001, tu faisais quoi ?
OBL : _ Le matin j'ai tondu la pelouse, fait un peu de ménage, et tout et tout; après quand j'ai allumé la télé, j'ai regardé Pujadas, c'est sûr. Une sacré catastrophe !
ZG : _ Tu en es un peu responsable tout de même, non ?
OBL : _ Je suis pas coiffeur, c'est pas moi qui lui fait ce brushing à la con.
ZG : _ Les caricatures du prophète Mahomet, tu as aimé ?
OBL : _ Un peu mon neveu ! C'est moi qui les ai commandées ! Tu imagines pas les retombées positives pour mon bizness !
ZG : _ Justement, ton bizness, parlons-en. Il paraît que tu prépares un plan social, à peine quatre ans après avoir délocalisé au Pakistan. Info ou intox ?
OBL : _ Le marché n'offrait plus de perspectives d'avenir en Afghanistan, et pis on est un groupe tourné vers l'international tu sais. C'est vrai qu'il y a un plan social, mais j'ai d'autres problèmes sur les bras en ce moment : la baisse du prix du pétrole, le CPE qui n'est pas passé, j'ai 400 chercheurs qui veulent bouffer le midi, bref que des emmerdes !
ZG : _ On a appris il y a quelques semaines que tu préparais un nouveau DVD, voir un album de rock, on peut en savoir plus ?
OBL (gêné) : _ Oh, bah c'est encore qu'un projet, tu vois. Ce serait un album de reprise des standards incontournables de la musique internationale, comme Yellow Submarine, Ma liberté de penser, Comme un avion sans ailes, Allumer le feu, ... On est en pourparler pour des duos aussi, notamment avec Paris Hilton.
ZG : _ Ouah trop super ! On va maintenant aborder les questions encore plus politiques : tu sais pour qui tu vas voter en 2007 ? On te dit proche Nicolas Sarkozy, mais tu as été la babby-sitter des enfants du couple Royal-Hollande pendant longtemps ? Il paraît même que tu n'exclues pas de te présenter à l'investiture socialiste ?
OBL : _ Oui, si je peux fédérex l'ensemble des candidats derrière ma candidature, pourquoi pas ? J'envisagerais la question avec toute la sérénité qu'elle nécessite, en tout cas. Il est certain que je voterais à gauche - mes parents étaient militant trostkistes avec Lionel autrefois. Maintenant, c'est le projet qui m'intéresse avant tout.
ZG : _ Pour terminer, une question qui me concerne un peu plus : que penses-tu de la montée en puissance dans l'Axe du Mal de quelqu'un comme Flo Galou ?
OBL : _ C'est bien, c'est un jeune qui a les dents longues, il ira loin ; c'est sain que je n'ai plus le monopole de l'Axe, tu comprends, c'est ça la libre concurrence, c'est un peu mon Free et moi je suis France Télécom.
(Eclats de rire colonels)

(Enregistré à la main sur papier kraft le 11 septembre 2006 à Courchevel, à la montagne (environ))



lundi 18 septembre 2006

Les aventures extraordinaires de Zak Galou - Episode dix : Un arrière-train peut en cacher un autre

Zak Galou, non content de s'acheminer doucement vers un statut d'ex-stagiaire-pernycieux, prenait le train à la gare de Merdon lorsqu'en levant les yeux vers le pseudo-téléviseur affichant les horaires des prochains, il lut "Train sans arrêt".
C'en était trop pour cet amoureux de la logique classique et non classique, et il arrêta un quidam qui passait par là pour lui demander des explications.

"Pardon monsieur, commença Zak Galou avec toute la politesse dont il était capable envers un plouc décérébré ordinaire, est-ce que c'est vrai qu'il y a des trains sans arrêt ?"
Le quidam, un sympathique quadragénaire qui approchait de la retraite - on saura sous peu pourquoi - était de taille moyenne, et quoi que visiblement prolétaire de gauche (pléonasme, me dirait Bubu), il portait avec une certaine élégance le pantalon de velours vert et le pull rouge à tête de cerf violette tricoté par sa femme. Aimable en toute circonstance, il envisagea néanmoins d'envoyer sur les roses cet hurluberlu à cheveux longs, duvet au menton et tee-shirt che-guevaresque, jusqu'à ce qu'il aperçoive, sur le biceps gauche et saillant de Zak Galou, et dépassant à peine du tee-shirt, la tête de mort noire et rouge qu'il s'était fait tatoué à son entrée en première scientifique, option "Vie de la Terre". Devinant qu'il avait à faire à ce qu'on appelait dans les journaux télévisés, une "racaille", ou encore un "loubard", bref, un "jeune de banlieue", le quidam décida de la jouer profil bas et entreprit d'expliquer à notre héros débonnaire ce qu'il voulait savoir.
"Vous savez, jeune homme, des trains, il y en a sans arrêt. Alors ne vous inquiétez pas s'il y a un train sans arrêt, comme il y a des trains sans arrêt, vous pourrez en prendre un.
_ Mais s'il est sans arrêt, je ne pourrais pas le prendre ?
_ Ah ba non pour sûr crénomdidjou" - il avait des origines périgourdines.
Zak Galou demeura un instant perturbé par ce non-sens évident qui consistait à vouloir prendre des trains sans arrêt.
"La question qui m'interloque, reprit-il finalement, c'est que les trains sans arrêt sont forcément vides, n'est-ce pas ?
_ Euh... vous croyez ?
_ Eh bien oui, puisqu'ils ne s'arrêtent nulle part.
_ C'est que, ils partent à plein, répondit le quidam.
_ Quoi ? Ils partent tous ensemble ? Mais ce doit être une cacophonie insupportable sur la voie !
_ Un embouteillage, vous voulez dire ?
_ Qu'ai-je dit ?
_ Une cacophonie.
_ Ah. Pardon, j'ai lapsussé."

Conscient qu'il abusait du temps peu précieux du quidam, Zak Galou le remercia de son aide et commença à s'éloigner lorsqu'une nouvelle question essentielle vint le turlupiner.
"Pardon encore, mais les trains sans arrêts sont-ils forcément omnitrains ?
_ Omnibus, vous voulez dire ?
_ Non, omnitrains. Omnibus, c'est pour les bus, voyons !" Les remarques de son interlocuteur commençaient à agacer sérieusement notre héros, et il commençait à envisager une frapper chirurgicale à hauteur de son plexus solaire, pour lui rabattre son caquet, lui faire ravaler sa chique, bref, lui niquer sa race.
"Ah je vous arrête, jeune homme, omnitrain ça n'existe pas", répliqua le quidam.
Cette sortie laissa Zak Galou dans un désarroi cosmique.
"Alors tous les trains sautent forcément une gare ?
_ Non, bien sûr que non. Il y a des trains omnibus.
_ Mais voyons, le reprit Zak Galou, cette fois particulièrement énervé : Omnitrain ! Un train omnitrain s'arrête dans toutes les gares, un bus omnibus s'arrête à tous les arrêts de bus. Vous imaginez un train s'arrêter à tous les arrêts de bus, vous ? Déjà qu'ils sont tous le temps en retard ou en grève !
_ Ah vous m'ennuyez, monsieur, je ne travaille pas à la SNCF moi, je suis à la RATP, se dédouana le quidam qui, effectivement, travaillait comme contrôleur à la RATP. C'est la journée des fous furieux aujourd'hui ! Pas plus tard que ce matin, alors que je me rendais au travail par le train de 10h03, un drôle de type m'a demandé si les voies ferroviaires étaient à sens unique !
_ En un sens, oui. D'aillleurs, ça me fait penser : un train sans arrêt, est-ce qu'il en cache forcément un autre sans arrêt ?
_ Mais non, pauvre enculé - ils devenaient très proches au fil de leur conversation - quand on dit qu'un train peut en cacher un autre, ce n'est pas sans arrêt, c'est de temps en temps !
_ Ah. Dites donc, vous qui êtes dans le métier, vous savez si les trains qui allaient vers l'Est dans les années quarante, ils étaient sans arrêt omnitrains ?"
Le brave agent de la RATP se crut soudain pris à parti et lui répondit en fulminant :
"Ah ça va bien oui ! Il est 12h34, je rentre chez moi après une dure journée, et vous venez m'emmerder avec vos histoires de déportation ! Qu'est-ce que j'en sais moi ? Est-ce que je vous demande si le train-train quotidien est passé en retard ce matin ? Je vais de ce pas déposer un appel à la grève auprès des camarades cheminots, il y en a assez d'être agressés du soir au matin."

Dubitatif, Zak Galou s'éloigna en songeant qu'il était fascinant qu'un fonctionnaire puisse commencer sa journée quand un autre la commençait à peine. C'était un peu comme l'empire britannique qui ne se couchait jamais. A n'importe quelle heure en France, dans les labos de chercheurs, à la Poste, à la SCNF, chez EDF, dans les écoles, les collèges, les lycées - plus pour longtemps dans certains cas, nous fera remarquer Bubu - un peu partout en France, à tout momment, des fonctionnaires sont là qui dorment. "C'est un peu comme si le soleil ne se levait jamais sur la fonction publique", songea Zak Galou en grimpant dans un train à destination du LaipSiks.



Les aventures extraordinaires de Zak Galou - Episode 9 : Il a marché dans la lune (du pied gauche)

Sa famille ayant acquis une colossale fortune par le biais de ventes d'armes en Afrique, Zak Galou se voyait désormais à la tête d'un empire financier sur lequel le soleil ne se couchait jamais. Son nouvel hobby, après la mort du chien de sa grand-mère, était d'acquérir tout et n'importe quoi, et n'importe quoi de préférences car il faut admettre que ça coûtait moins cher. L'un des derniers achats qui lui avait valu la célébrité internationale à Brou sur Chantereine était l'achat de Ground Zero - le prix comprenait au départ deux montants en verre qui lui auraient permis, en tendant entre eux plusieurs milliers de cordes à linge, de créer le premier sèche-linge multidimensionelle de la ville de New York. Malheureusement, un autre acheteur potentiel avait fait foiré son idée et Zak Galou se trouvait maintenant à la tête d'un trou (une position qui n'était pas sans le faire rougir un peu).
A bien y réfléchir, Zak Galou se rendait compte que sa frénésie d'achat remontait au temps jadis, lorsqu'enfant il allait chez l'épicier français : "Bonjour monsieur, les malabars c'est combien ?" demandait-il souvent avant d'aligner méthodiquement la monnaie sans même marchander.

Fors de ses expériences d'achats compulsifs, Zak Galou se voyait désormais à la tête de près de 80% des richesses mondiales, les 20% restants se partageant entre la reine d'angleterre (God save the couine), le président Chirac (God save Elvis), et Fidel Castré (God save ...).
Un matin de 2006 comme il y en eu près de 365 cette année-là, Zak Galou vit à la télévision que Louis Armstrong, l'inénarrable chanteur de bals musettes à la Nouvelle-Orléans, et créateur au Bataclan du fameux tube "Big Bisous", avait marché sur la Lune. Rigolard, Armstrong avait même prononcé une petite phrase pour l'histoire : "C'est un petit pas pour l'homme, mais c'est un grand pas pour l'humanité". Il avait même ajouté quelques minutes plus tard, en off : "Et c'est bien fait pour cette andouille de Zak Galou. D'ailleurs, andouille à lunettes, andouille sans ..." Le micro avait été coupé, les envoyés spéciaux de France Télévisions sur la lune ayant été rappelé par Arlette Chabi-Chabot pour suivre le déplacement de Ségolène et/ou Nicolas dans une fromagerie du Bas-Poitou où l'on fabriquait le fameux "Fromage de vache de la région".
Zak Galou en éteignant brutalement sa télé conclut : "De toute façon, elle est à moi cette fromagerie. Et pis c'est c'ui-kil-dit-kui-yé".

Cet affront lui resta longtement longtemps en travers de la gorge. Déjà un salaud de chanteur lui avait tenu tête l'année précédente alors qu'il voulait lui acheter un peu d'herbe. "Quitte à tout prendre, prenez les gosses et la télé, le frigidaire et la voiture ! Mais vous n'aurez pas, non vous n'aurez pas, ma liberté de penser". Zak Galou, bien sûr, en avait été contrarié, mais il avait appris peu après que la liberté de penser en question avait été vendue vingt ans plus tôt sur une Foire à 10 balles. Il avait donc fait contre mauvaise fortune mal gré - ou bon gré bon coeur, je sais plus mais c'est l'un des deux.
Zak Galou se présenta le jour-même à la mairie de Brou sur Chantereine, afin de s'y porter acquéreur de la Lune.
"Ah, mais c'est pas dans la commune ça mossieur, je peux rien faire pour vous ! brailla stridente l'affreuse glouglouteuse à varices sise de l'autre côté du comptoir en verre trempé.
_ Ecoutez-moi jeune insolente, vous avez du répondant et c'est très bien, vous irez loin. Mais moi, viser la lune, ça ne me fait pas peur. Savez-vous au moins qui je suis ?
_ Un télétubby ?
_ Je n'suis pas le genre de mec qui aime la bagarre, Faut pas m'pousser trop loin tu vois et faut pas me chercher, Même si je suis cascadeur, j'ai quand même d'l'amour dans l'cœur, Je préfère jouer au tombeur que jouer au catcheur.
_ L'Agence tous risque ? proposa vaillement la préposée aux désinformations.
_ Pauvre gourde ! Je suis l'homme qui tombe à pic, Je suis l'homme qui vient de loin, Et dans ma peau de flic, Je n'ai jamais peur de rien ! Je suis l'homme qui tombe à pic, J'ai ma vie entre mes mains, Et si je prends des risques, Ça n'est jamais jamais en vain !"
Zak Galou, dépité mais assez fier de sa sortie musicale sortit de la mairie afin de se rendre directement à l'Elysée, où son parrain pourrait sans doute le conseiller.
Dans sa chaise trop petite - il en eut fallu trois pour supporter dans les normes son sur-poids fonctionnarial - la préposée benoîte aux débilités municipales se gratta le triple-menton, dubitative :
"Oh ben non, je vois pas. C'est ptet Super Jaimie".



dimanche 17 septembre 2006

Les aventures extraordinaires de Zak Galou - Episode 8 : Zak Galou et la disparition de l'épisode 7

L'austère Paul Auster l'a à peu près écrit dans sa trilogie new yorkaise, chaque écrivain dispose d'un ensemble de mots, et il ne fait pas de doutes qu'arrive un moment où l'écrivain ne dispose plus de mots pour écrire.
C'est sensiblement ce qui passa par la tête de Zak Galou lorsqu'il apprit que, contre toute attente, l'épisode 7 de ses aventures avait disparu.
Il savait parfaitement, pour être le Big Brother de ce blog, qu'à aucun moment l'épisode 7 de ses aventures n'avait été publié ; de la même manière, il savait que le schéma fonctionnel brillant publié ici ne pouvait décemment pas constituer un épisode à part entière - outre l'évident choc épistémologique ayant confronté Glou et Nono à la machine à café, ce schéma ne pouvait être, à la rigueur, qu'un modeste trailer de l'épisode 7. De ce fait, Zak Galou en lisant le présent épisode ne pouvait manquer de s'interroger sur la pertinence de son titre. Comment pouvait-il exister un épisode 8 alors même que le septième manquait à la pelle - et non à l'appel, comme on pourrait le croire en regardant dans le dictionnaire.
Quoi qu'il en soit, il ne pouvait mettre en doute la perspicacité et les choix de l'auteur de ses aventures. D'abord parce qu'il n'était, au fond, qu'un personnage imaginaire romancé à partir d'un ersatz de thésard à la con ; ensuite parce qu'il ne pouvait pas, malgré tous ses efforts de super-héros, lire ce post en moins de temps qu'il n'en fallait au-dit auteur pour l'écrire.
La question, pourtant, demeurait posée. Il la regarda un long moment, alanguie sur son bureau importé de Suède - il l'avait ramené d'Ikea à l'occasion de son entrée en sixième, un cap dans son adolescence puisque cette année d'entrée au collège avait marqué son second émoi sexuel (après la fessée reçus par le professeur d'éducation physique devant toute la classe, en CE1) : le professeur de musique, un mètre cube avec des nichons, lui avait alors infligé à la flutte à bec l'introduction de "Qu'on me donne l'envie", la fameuse chanson de Johnny reprise depuis par notre plus haut (environ un mètre vingt) responsable politique. Bref, la question demeura posée devant lui sans qu'il put la résoudre avant l'épisode neuf ou dix, c'est à voir.

Vendredi dernier, Zak Galou allait au Lip6 quand il rencontra le seigneur des panneaux, cet être mythique qui installait les panneaux de signalisation routière.
"Je me suis toujours demandé pourquoi vous mettiez un panneau Impassedevant les rues qui n'ont qu'une sortie ?
_ Une rue qui n'a qu'une sortie est une impasse, mon petit, lui répondit sentencieusement le seigneur des panneaux.
_ Mais, objecta Zak Galou en se grattant le menton d'un air dubitatif, une impasse n'est une impasse que lorsqu'on se tient face au mur, et non quand on lui tourne le dos.
_ Tu as beau être débile, tu n'en dis pas moins des choses fort judicieuses petit padawan. C'est la raison pour laquelle les panneaux impasse sont à sens unique.
_ Les impasses sont à sens unique ?
_ Non, non, on peut les prendre dans les deux sens. Mais un seul sens est une impasse.
_ Donc un sens unique est une impasse.
_ En un sens, oui, conclut le seigneur des panneaux en se grattant le menton, dubitatif.

Il espérait pouvoir reprendre sa réflexion sur ce panneau qui devait les lier tous (une drôle d'idée qui le taraudait depuis un moment), lorsque Zak Galou poursuivit :
"Et vous sauriez pas qui est le connard qui a inventé les CSS ?
_ Ceux qui maintiennent l'ordre, tu veux dire ?
_ Euh, oui, dans le HTML.
_ Ben, moi, tu sais, j'habite à Kennedy.
_ Ah ok. Tant pis."


mardi 12 septembre 2006

Autodafé

J'émergeais hier matin du RER C, quai Branly, lorsqu'une odeur curieuse m'atteint comme une madeleine de Proust ; c'était le parfum ô combien rare à Paris d'un arbre en fleurs, qui fugitif me parvint aux narines nappé de vapeurs d'essence. Un silence quasi-religieux habilla cette incroyable sensation, pendant un instant minuscule - si fugace qu'en débouchant à l'air libre, après les escaliers de la bouche de métro, je demeurais une ou deux secondes immobile pour la retrouver.


L'odeur avait disparue - engloutie sous l'ordinaire parisien, fait de l'urine des chiens, des pots d'échappement et du bitume chauffé au soleil.
Je tâchai d'identifier l'arbre dont le souffle indistinct m'avait frappé. Je fis quelques pas vers la Seine, où d'indiscutables hommes d'affaires joggaient leur début de matiné à petites foulées ridicules, où de drôles de chiens bouclés attendaient patiemment au bout d'une laisse que leur maîtresse ait fini ses petites affaires. Le parfum avait disparu.
Tandis que je rejoignais le capitaine Scott dans son crochet, l'idée me vint que, décidément, les arbres, dérisoires pantins levant les bras au ciel en une muette supplication, n'avaient trouvé pour contenter leur mégalomanie - et leur volonté de conquérir le monde - que ce drôle de moyen consistant à disséminer leurs pollens aux quatre vents.
Puis vint le moment où je me rendis compte qu'il y avait peu de chances pour qu'il existât des gymnospermes en bord de Seine - une recherche sur Wikipédia suffira à vous en convaincre, sinon à vous apprendre ce que sont gymnospermes et angiospermes.
Ce que j'avais senti, alors, ne pouvait être - à moins d'un hasard suspect - le pollen d'un arbre en fleurs. Peut-être était-ce l'eau de toilettes bon marché d'un promeneur, ou plus sûrement le fruit de mon imagination olfactive, débordante dés lors que je n'ai pas le nez pris.

Quoiqu'il en soit, il apparaît que les encyclopédies sont des brise-rêves.
Je propose donc de brûler tous les dictionnaires, encyclopédies, manuels ; en somme tout ce qui a vocation d'expliquer ce qui n'a pas à l'être. Cela permettrait d'éviter que l'on m'explique les ricochets à la surface de l'eau, la mémoire affective et le coup de boule de Zidane.



Par l’art seulement nous pouvons sortir de nous, savoir ce que voit un autre de cet univers qui n’est pas le même que le nôtre, et dont les paysages nous seraient restés aussi inconnus que ceux qu’il peut y avoir dans la lune. Grâce à l’art, au lieu de voir un seul monde, le nôtre, nous le voyons se multiplier, et autant qu’il y a d’artistes originaux, autant nous avons de mondes à notre disposition, plus différents les uns des autres que ceux qui roulent dans l’infini et qui, bien des siècles après qu’est éteint le foyer dont il émanait, qu’il s’appelât Rembrandt ou Vermeer, nous envoient encore leur rayon spécial.
Ce travail de l’artiste, de chercher à apercevoir sous la matière, sous de l’expérience, sous des mots, quelque chose de différent, c’est exactement le travail inverse de celui que, à chaque minute, quand nous vivons détourné de nous-même, l’amour-propre, la passion, l’intelligence, et l’habitude aussi accomplissent en nous, quand elles amassent au-dessus de nos impressions vraies, pour nous les cacher entièrement, les nomenclatures, les buts pratiques que nous appelons faussement la vie.

Proust (Le Temps retrouvé)


lundi 11 septembre 2006

Souvenirs...

Les temps sont durs pour les stagiaires du 3e et du 10e... Après des semaines de lutte acharnée pour rédiger 20 pages qui arriveraient à faire croire qu'ils ont beaucoup travaillé et qu'ils n'ont pas été plus de 6 fois par jour à la machine du 9e, qu'ils ont effectivement fait de la recherche, qu'ils ont réussi à atteindre le niveau 40 à Frozen-Bubble...

Bref, après la sueur et le sang, après les larmes, le stagiaire méritant pourrait espéré un bref moment de répit, mais c'est sans compter sur les transparents, qui doivent justement ne pas l'être, et c'est là un nouveau problème que seul un chercheur confirmé (tel que nous en voyons régulièrement errer au 9e) pourrait résoudre. Le chercheur confirmé se reconnait à son sens aigu de la conversation, qu'il illustre par des propos aussi profonds que "On m'a dit qu'il y avait une machine à café par là, c'est ici ?" ou "Je cherche les toilettes, c'est plus loin ?". J'ai toujours une crainte, dans ces moments là, que le chercheur, tout perdu qu'il est à ses idées de recherche et à ses algorithmes inovants, ne s'empare de ma poubelle pour y prendre un gobelet usagé de choco-lait ou, pire, ne confonde mon armoire à archives avec l'urinoir en émail.

Mais je m'égare... Nous parlions de la dure vie du stagiaire en fin de stage qui, alors qu'il ne sait plus quoi faire de son temps libre, se voit contraint et forcé de travailler à un sujet qui ne l'intéresse plus puisqu'il connait d'ores et déjà sa note (pour ceux qui ne l'ont pas, vous pouvez envoyer un chèque de 200 € à Nono@9e.étage.laipsiks.fr). Le stagiaire est alors pris d'une déprime telle qu'il risque de devenir aussi vert que les tristus de Pif Gadget (allusion à un journal gauchiste dont seuls Zach Galou et Jabial pourront saisir toute la subtilité).

C'est pourquoi, afin de vous chatouiller les zigomatiques et de vous recouvrir du rouge des rigolus, je vous propose un petit lien qui rappellera des bons souvenirs aux plus vieux d'entre nous. Pour les plus jeunes, il n'est jamais trop tard pour découvrir que les aînés savent aussi bien que les jeunes faire preuve d'un incroyable mauvais goût.

En direct de Jussieu, pour LSS, Nono.


samedi 9 septembre 2006

Qu'allons nous faire de nos vies maintenant?

Pendant ces dernières semaines de rédaction fastidieuse et furieuse il m'arrivait de chercher \dtc{là} phdcomics une réponse à cette troublante question.

Mais cela est sans rapport avec la suite; voyons plutôt l'éclatante conclusion à laquelle Zach Galou est arrivé au bout de longs mois de recherche fondamentalement improductive :


Présentation au format pdf visible sous linux uniquement - sous peine de voir votre moniteur exploser et apparaître un nain qui décapitera votre chien à la hache et brulera votre collection de doudous en peluches

Zach Galou en est encore à se demander si le Turring Award est suffisament prestigieux pour lui ou si il ne serait pas temps de créer une distinciton encore plus honorifique : le Zach Galou Award. Mais Zach Galou sait rester humble, et se demande aussi si ca ne serrait pas se faire trop d'honneur que de s'attribuer une récompose aussi majestueuse.



Les réflexions de la machine à café :

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