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Le pourquoi des canards

Ca a commencé comme ça. La première grève. C'était il y a bien longtemps, disons au temps lointain du temps jadis. A cette époque - je parle bien sûr de l'époque égyptienne où l'on bâtissait des pyramides à têtes de chat et des sculptures sans nez - les travailleurs et les travailleuses n'étaient pas encore un concept politico-syndical, mais les revendications les plus revendicatives étaient déjà là.
Gonflés à bloc de granit, mais pétris d'incertitude sur leur avenir pré-Caire - rappelons que la capitale à cette époque était Alexandrie-Alexandra - on décida de cesser le travail pour faire une grande manifestation qui partirait de là-bas à droite pour arriver là-bas à gauche, environ et modulo les impératifs du terrain.

Les journalistes, à cette époque, étaient déjà des fainéants. Pour couvrir la manifestation, le rédac-chef de "Ram16-minutes" - une feuille de chou à la gloire du pharaon qu'on pouvait lire en moins de 16 minutes, pour peu qu'on soit suffisamment costaud pour prendre le bloc de granit sous le bras pour aller au boulot - le rédac-chef, donc, envoya un reporter à terre.
Quand il revint, ils se tinrent à peu près ce dialogue.
"Alors c'était pour quoi cette grève ? demanda le rédac-chef.
_ Euh... ben c'est à dire, commença le reporter qui avait surtout passé son après-midi dans un bar à chicha du 11ème, c'est contre la baisse du pouvoir des chats et la lutte contre la viscère.
_ Ah et ils étaient combien à manifester ?"

Cette question devait changer la face du journalisme d'investigation sociale. Prenons un instant pour bien la peser. 7 mots seulement et tout un métier en péril de sa race.

Là, le journaliste fut parfaitement honnête. Et ce devait être la dernière fois :
"Ben j'en avais plein le cul au bout de trois minutes, tous ces cris, ces passages à tabac et ces pancartes qui vous cachent le soleil, alors j'ai pas compté. Chui allé boire un coup chez Francis, il fait de la cervoise à pas cher en happy hour.
_ Cool, fit le rédac-chef, qui était un peu l'ancêtre de Morbeth quelque part. Euh... mais ... comment qu'on fait si on sait pas combien qu'ils étaient ?
_ Attend, on n'a qu'à demander aux flics s'ils ont compté, et on recoupe avec les chiffres des organisateurs !"

C'était, sous les dehors d'une idée brillante, le début de la fin du journalisme d'investigation.

Le journaliste obtint deux chiffres : 4 participants selon la police (et encore deux étaient probablement là par hasard), 200 000 selon les organisateurs.
Devant la complexité de trouver un compromis entre ces deux chiffres absurdes, les journalistes n'ayant pas fait leur boulot les donnèrent tous les deux.

Et c'est ainsi que depuis des millénaires, on nous casse les couilles avec des chiffres qui ne veulent rien dire, puisqu'on ne nous dit pas qui a tort ou qui a raison. Il parait que la police se positionne à un endroit et compte les gens qui passent ; que les syndicats font du "comptage volant". Il parait que les uns gonflent et que les autres dégonflent les chiffres.

D'où la blagounette sur les canards. Etonnant, non ?

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