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Zak Galou interview Little Endian : "La dernière des Mohicanes" (à sucre)

Bijour li p'tit n'enfants ! Comment ça va ? Vous vous êtes inscrits sur les listes électoto ? La semaine dernière, nous achevions notre grand dossier "Prendre un enfant par la main : incitation à la pédophilie" avec une interview de Bubu qui évoquait pour nous ses penchants ségolénesques pour les petits ponts de bois. Aujourd'hui, c'est avec un nouveau dossier que nous commençons la semaine : "Banlieue, le Vietnâm français", avec en exclusivité pour le Galou-Mag un reportage chez les pauvres.

Vendredi matin - 14h30.
La semaine commence sur un petit froid sec, qui me rappelle que non seulement c'est plus agréable qu'une petite pluie fine, mais en plus j'ai bien fait de mettre un caleçon long et des bas aujourd'hui. Je suis venu avec mon chauffeur - j'avais envisagé de prendre le bus, mais les chauffeurs sont en grève depuis que l'intégralité des 217 bus de la ligne "Les Pauvres - Paris" ont été brûlés au lance-flamme par les jeunes. Et pis, le métro et le RER ne mettent plus le nez en-dehors des zones 1 et 2.
Je sors de la Rolls et là, direct, je vois un groupe de jeunes - en train de dépenser leur énergie positive en essayant de jeter un gros ballon rouge dans un anneau placé en haut d'un poteau - qui me jette des regards discriminatoires. Je dis rien, mais quand même. Je trouve ça limite blessant : je viens à peine d'arriver, je n'ai même pas eu le temps de redresser mon noeud-papillon et de lustrer mes bottes en croco que déjà, je me sens mal accueilli.
J'avance dans la téci (oui, j'ai décidé de me fondre dans le décor et j'ai depuis deux semaines travaillé mon parler-vrai à l'aide de visites régulières sur Skyblog et à l'écoute de NRJ, Fun et autres radios de merde qui me change de KMFM (Karl Marx FM)).

Alors que j'approche d'un grand immeuble rose - période pompido-giscardienne, style malabar - j'aperçois une dizaine de jeunes occupés à fumer ce que j'identifie comme du "teu-shi", sur les marches de l'immeuble où, justement, j'ai rendez-vous avec Little Endian.
"Yo, fis-je en me tapant sur la poitrine - avant de prendre soin de remettre droit le foulard glissé dans la poche avant de ma veste de smoking - ça va les keums ? Eh vous vriezde aps méfu du teu-shi ça-comme, ça ouf les rone-neu l'air-en !
_ Ziva c'est qui ce bouffon !" entendis-je avant que le gros ballon rouge susditement cité ne m'atteigne à la nuque, me faisant ravaler et ma chique et ma langue.
Damned, je suis touché. Je tombe à genoux en essayant de reprendre mon souffle. Je prends conscience que je les ai sans doute agressé sans le vouloir en étalant ostensiblement mon savoir devant eux. Je les plains, les pauvres, ils n'ont pas besoin que je vienne leur donner des leçons de biochimie.
"Donpar les painco, jsuis lédéso sa mère de vou zavoir fensé-o sa race !"
A peine leur ai-je fait mes excuses que ces malotrus, que je devine attaché à m'effacer de la surface de cette planète, me relève avec brusquerie et se mette à fouiller dans mes poches. Je me dis que j'ai dû tomber sur la police locale - ils ont raison, pour ne pas avoir de problème, il vaut mieux contrôler les identités de ceux qui viennent dans leur téci (sa mère).
"Qui c'est qui parle de contrôle d'identité, cousin ?" me crache à la gueule un jeune blanc-bec aux vêtements fluos - période pompido-giscardienne, style y en marre.
_ Vas-y, nique-zi sa race à l'autre blaireau", lui lance en ricanant de toutes ses gencives (il n'a pas de dents devant, Little Endian m'apprendra qu'il avait mordu à la cuisse un juge de proximité et qu'il avait fallu une grue de douze mètres et un marteau piqueur pour le faire lâcher, les dents y étaient restées) un jeune beur-bec.

Les quelques minutes qui suivent, je dois l'admettre, sont parmi les plus pénibles de ma vie. A mesure qu'ils me dépouillent, je sens la gêne m'envahir : en effet, ils ne trouvent que des objets qui leur prouvent et leur médiocrité intellectuelle ("Ziva c'est quoi ce truc en or qui fait tic-tac ?") et financières ("Putain, la taille de son caleçon, c'est du 123 ! _ Ta gueule, c'est le prix, ducon !").
Quand je parviens à me glisser dans la cage d'escalier - à droite en sortant des caves - je suis à poils et je claudique. Je grimpe en sautillant les huit étages menant chez Little Endian et tambourine à sa porte. J'entends derrière moi que mes agresseurs se sont rendus compte, dans le feu de leur tournante, que je me suis tiré.
La porte s'entrouvre sur un canon scié - et dix centimètres plus bas un énorme berger allemand qui montre les crocs. Je souris benoîtement au canon du fusil à pompes et lance une blagounette au chien ("Sektion 6 um Meinung, arbeit macht frei ! Deutschland ûber alles"). Le chien se détend mais le canon reste inflexible.
Enfin, alors que les premiers indigènes arrivent, la porte s'ouvre en grand et Little Endian me tire à l'intérieur, claquant la porte aux nez des malotrus.

"On peut dire que tu as eu chaud, me dit Little Endien en faisant signe à son molosse de cesser de me mordiller les parties. Un peu plus et ils te chopaient.
_ Euh... oui. Merci, Little."
Little Endian est vêtue de son kimono blanc et range son fusil à pompes dans l'étui qu'elle a dans le dos. J'y aperçois le manche en nacre d'un katana.
"Sympa le couteau ! fis-je en rigolant.
_ Ouais, je m'en sers pour éplucher les patates. Je t'en prie, assois-toi."
Je refuse poliment sans lui en donner la raison. Je me met sur les genoux tandis qu'elle s'assoit en tailleur, puis je lui demande un papier et un crayon - mon laptop a disparu dans la mêlée.
"Alors Little Endian, commençons cette interview. Comment se passe ta vie ici, en banlieue ? Ca ne doit pas être facile tous les jours ?
_ Effectivement, la voiture brûle presque tous les jours, surtout en hivers, pour se réchauffer. Disons que c'est un peu chiant à cause de l'odeur, mais on a fini par s'habituer à remonter le moteur et les sièges avec nous à chaque fois qu'on l'utilise. Du coup, la carcasse brûle mais la voiture est réutilisable.
_ C'est ingénieux, reconnus-je. Et pour descendre les poubelles ?
_ Ne m'en parle pas ! J'ai perdu trois frères et deux soeurs comme ça. Ils descendent les poubelles et on ne les revoie plus jamais. C'est triste.
_ Et toi, quand c'est ton tour tu fais comment ? tu attend la nuit ?"
Ma naïveté la fait pouffer :
"Bien sûr que non, c'est là où c'est le plus dangereux. Il faut y aller le matin, vers huit heures. Ils sont tous couchés à cette heure-là, alors en se dépêchant, avec Max et Little-Carpete (à ce nom, un énorme Totoro que j'avais pris pour une peluche ouvre un oeil et étouffe un baillement), je descends les poubelles, je prend le courrier chez la gardienne...
_ Tu n'as pas de boîtes aux lettres ? interrompis-je, soucieux de ne pas me laisser piquer la vedette par une fille -faut pas déconner.
_ Nan, plus depuis trois ans ; ils l'ont fait sauter avec la cage d'ascenseur ; et pis le facteur ne passe plus depuis encore plus longtemps. La gardienne va chercher le courrier directement au centre de tri et elle le garde chez elle.
_ Elle a un chien elle-aussi ? Comment se fait-il qu'elle ne se fasse pas agresser ?
_ Elle sent très mauvais, expliqua Little Endian en me servant du thé à la myrtille. Sucre ?
_ Trentre-trois, merci."

Nous devisons allègrement pendant plusieurs heures. Peu à peu, sa famille rentre du travail. Ils n'ont pas l'air d'avoir eu des ennuis.
"Comment se fait-il que ta famille ne se fasse pas agresser tous les soirs ?
_ Il suffit de faire attention quand on rentre. Il faut guetter le moment où ils baissent leur vigilance ; et pis ils n'attaquent que quand ils s'ennuient. En se débrouillant bien, on peut profiter du passage d'un voisin pour se faufiler dans leurs dos pendant qu'ils le tabassent à coups de godasses.
_ C'est horrible !
_ Mais non ! Il suffit d'inviter des amis à venir passer la soirée à la maison. Combien de fois cette année j'ai invité Yoan à passer la nuit ici ! Il en était tout fou ! Le truc, c'est qu'en arrivant près du hall, je lui disais de partir en avance et j'attendais qu'il se fasse racketter pour passer !"
J'étais sincèrement impressionné :
"Tactiquement, c'est grandiose !
_ C'est dans Sun-Tsu, l'art de la guerre. Tu l'as lu ?
_ Non, mais j'ai lu le 20 minutes en venant."

Mon thé à la myrtille uriné, je me rajustais et lui demandais comment je pourrais faire pour repartir sans encombre.
"Déjà, je vais te prêter des vêtements, parce que te ballader tout nu dans la cité, ça va faire jaser."
Elle me passa un kimono rose qui m'allait très bien et m'expliqua comment repartir.
"Ils doivent attendre en bas de l'escalier que tu ressortes. Le mieux, c'est que tu prennes ça." Elle me mit dans les mains deux fumigènes et un masque à gaz. "Ne prends pas l'ascenseur, il est en panne. Dés que tu arrives au premier, tu balances les fumigènes dans le hall, tu mets ton masque et tu cours droit devant toi. Tiens, profites-en pour descendre les poubelles, tu seras chou".

Zak Galou, pour le LST et au péril de son anus

Aaaah !!! Merci, enfin la vérité sur notre beau département du Neuf-Trois :) Il faut que je pense à donner systématiquementà donner le petit manuel du banlieusard à tous mes invités :)

C'est ç la fin de ce texte que l'on comprend l'utilité de jouer à enemy territory le midi

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