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Zak Galou contre Les Frères Bugsmirnov


Parce que sa soif d'apprendre n'a pas de limite.

Parce qu'il n'aime rien tant que se confronter à ses futurs confrères du merveilleux monde de la recherche.

Parce qu'il est tout particulièrement fasciné par cet idéal vanté à longueurs de médiatisation, synthèse de beauté plastique indéniable et de l'esprit le plus brillant.

Pour toutes ces raisons, et parce qu'il est obligé sinon il se fait tatanner la bourse par le rectorat, Zak Galou obtint une invitation pour se rendre au cours tout à fait magistral des frères Gruuikgor et Gruuikchka Bugsmirnov, les deux juments à tête de jumeaux bien connus de toutes les andouilles qui les écoutent sans les regarder (et inversement).

Ces deux géants de l'intelligence distribuée, bacheliers à 14 ans alors que c'est une épreuve grave balaise, d'un naturel étonnant qui s'est barré au galop, ces deux génies de la science que même Fred et Jamy y passent pour des benets à côté, étaient en France pour une série de une conférence exceptionnelle - il était tout naturel que Zak Galou en fusse.


L'amphi Etienne Mougeotte était bondé. Comment en aurait-il pu être autrement, la promotion de ce cours ayant été pilotée directement par le QG de la recherche française, rue du faubourg Saint-Honoré, à base d'annonces mégaphoniques type "morning live" et d'une audacieuse campagne télévisu-radiophonique et d'affichage, rappelant beaucoup la promotion du dernier opus du sphincter vue du fiel ? (Pour ceux qui n'auraient ni voté ni la télévision, c'est ce spot de pub qu'est passé la veille des élections que certains ont trouvé tellement beau et émouvant qu'ils ont décidé illico-pesto-basilic de faire du bio-compost avec les enfants, ce dont on ne saurait les blâmer quand on sait la difficulté à faire pousser des pommiers en plein hivers)

Zak Galou avait prévu de n'assister qu'à la séance de questions-réponses prévues dans la dernière demie-heure du cours - qui devait durer 4 heures - et en profiter pour signer la feuille d'émargement ; las ! il n'arriva qu'une ou deux minutes avant les deux professeurs, qui avaient dû, cas de force majeure, faire un crochet du menton par le service du personnel de la fac, rue du faubourg St-Honoré, afin d'y percevoir à l'avance le parachute doré dédommagement contractuel pour le déplacement.

Finalement, Zak Galou fut plutôt charmé des trois quarts-d'heure que dura la présentation powerpoint - bon, déjà parce qu'il avait déniché une place tout contre une accorte étudiante en sciences humaines, qui s'était inscrite sur un malentendu - nous y reviendrons - et que nous appellerons Berthe. Et puis, il trouvait assez amusant de voir se déplacer sur l'estrade rongée par les mites ces deux mentons sur patte, beaucoup plus petit en vrai que quand ils sont assis à la télé.

Le cours s'intitulait avec modestie : "La vérité sur l'origine du monde", et les frères Bugsmirnov prétendaient traiter ce vaste sujet en trois points :
1) La vérité
2) L'origine
3) Le monde
On n'avait plus vu plan plus plat (faut le dire vite) depuis le plan de jeu de l'équipe de france de balle au pied de ces 400 dernières années.

"Ralala chui dèg', j'croyais que c'était un cours sur Vangogue, maugréa la voisine Berthe après la brillante introduction de Gruuikchka sur l'étymologie austro-papoue du mot "vérité", qui contrairement à ce qu'on pourrait croire ne descend pas du mot "veritas" - et n'a donc rien à voir avec une quelconque société secrète visant à obtenir les moyens de vous faire parler, comme le signala fort habilement Gruuikgor - mais viendrait plutôt du mot "alfibo", qui n'a plus guère d'équivalent de nos jours, mais que l'on retrouve cependant dans certaines expressions de la vie courante, comme : "alfibo aujourd'hui : on va bouffer en terrasse".

"P'tain, c'est vrai qu'ils sont hyper balaise en vulgarisation scientifique, murmura quelqu'un derrière Zak Galou, qui songea à une conférence d'un ancien (prochain) ministre de l'éducation nationale sur le réchauffement climatique, où qu'il avait tout compris de ce que le monsieur il avait expliqué comme quoi c'étaient des conneries le réchauffement climatique et qu'il suffisait d'aérer un peu matin et soir.

"Euh, c'est pas vangogue, c'est Julien Courbet", glissa Zak Galou à sa voisine en espérant l'impressionner suffisamment pour qu'elle lui offre un café à l'inter-cours.
Berthe lui jeta un regard tiède : "T'es sûr ?
_ Sans aucun doute. Quand j'avais 7 ans mes parents m'ont offert un Télérama. Et pis ..."
Zak Galou fut interrompu par Gruuikgor, qui venait d'entamer la deuxième partie du cours :
"Oui, vous avez une question ?"

Notre héros, qui s'y connaissait en comportement estudiantin, joua l'étonnement : haussement des deux sourcils et regard alentour genre c'est pas à moi qu'il cause quand même, la vache je me suis fait prendre.
"Oui, vous là-bas, le chevelu à lunettes, avec la faucille et le marteau !" (il faisait allusion au tee-shirt de Zak Galou)
_ Euh ... héhé ... comment, pardon ? Je .. heu ... euh ...", il commençait à perdre pied mais fut sauvé par un trait d'esprit dont je vous laisse juge :
"C'est cette gouinasse qui essaie de me chiper mes notes !"
L'assistance morigéna Berthe, confuse, qui en oublia de haïr son voisin.
Comme la conférence reprenait, celui-ci jugea qu'il s'en était pas trop mal sorti, mais qu'il aurait du mal à choper ce matin-là.

"Mais dis donc, Gruuikchka, fit Gruuikgor, qu'est-ce que c'est que l'origine du monde ? Est-ce que c'est quelque chose qui fait peur ?
_ Pas du tout Gruuikgor, répondit Gruuikchka, l'origine du monde, c'est le Gang Bang !"
Zak Galou, mezzo-vocce : "Le quoi ?"
_ Mais dis donc, Gruuikchka, fit Gruuikgor, qu'est-ce que c'est que le Gang Bang ? Est-ce que c'est quelque chose qui fait peur ?
_ Pas du tout Gruuikgor, répondit Gruuikchka, le Gang Bang, c'est ce qui s'est passé juste après un moment très précis dans l'histoire cosmisque de l'univers des étoiles, et ce moment, Gruuikgor, c'est le moment de Planck"
_ Il faut savoir, reprit Gruuikgor qui faisait genre il posait des questions alors qu'en fait il savait les réponses, il faut savoir que Jack Planck ne fut pas seulement l'inventeur génial de la fête de la musique, mais bien avant cela, il inventa quelque chose de profondément passionnant : le moment de Planck !"

Zak Galou, pas revanchard, à Berthe : "Hé, il pose les questions alors qu'il connait le cours, t'as vu ?
_ Ben ouais il a déjà dû venir, si ça se trouve il redouble."

"Mais, Gruuikchka, comment définir le moment de Planck de manière simple ?
_ Très bonne question Gruuikgor, mais fais gaffe tu marches sur mon menton.
_ Ah non c'est le tien.
_ Oh pardon.
_ Y a pas de mal."
Il y eut alors comme un flottement dans la salle, les étudiants devinant à l'expérience que leurs professeurs avaient un trou (noir).

"Mais alors, Gruuikchka, comment définir le moment de Planck de manière simple ? demanda Guuikgor en retrouvant avec habileté le fil de sa démonstration, prouvant par là qu'il était pas loin d'être au moins aussi doué qu'un pilote Air France pour le pilotage automatique.
_ Très bonne question Gruuikgor, le moment de Planck, c'est quelque-chose qui fait peur. Je ne vais pas rentrer dans les détails scientifiques très compliqués, mais imaginez qu'à un moment, il y a eu un moment, et ce moment, par rapport au moment qui le suit et qui est juste avant le Gang Bang auquel nous devons d'être là aujourd'hui et je vous en remercie, ce moment très précis qui ne dura qu'un court instant, c'est le moment de Planck."
Il s'en faillit de peu qu'une salve d'applaudissements ne débutât dans l'amphi, devant une telle démonstration.

Puis vint la troisième partie, qui était en fait un pot avec séance de dédicaces de leur dernier livre, que l'on pouvait généreusement acheter sur place.

En bonne position dans la queue devant le bureau où les deux frères dédicacaient en Mont-Blanc, Zak Galou serra Berthe d'un peu plus près que ce que la décence eut voulue ; elle lui décocha un coup de talon assassin dans la cheville droite, le faisant hurler de douleur ("Ouïlle ouïlle ouïlle la vache !!"). Sautant à cloche-pied vers la première chaise libre, il perdit sa place dans la file d'attente et, contrit et meurtri, entreprit de sortir de l'amphi à cloche-pieds, en en remontant les 69 marches.

Au moment où il atteignait la porte, Berthe se faisait prendre en photo entre les deux mentons, et Zak Galou songea avec amertume que décidément, certains jours, il ne fallait pas chercher la petite Berthe.

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