jeudi 30 novembre 2006

Zak Galou au pays des chti-n'enfants

Zak Galou prit ce matin-là le train-express-régional, profitant qu'il ne soit ni en grève, ni en incident de personnes. Après trois quarts d'heure d'attente dans le froid frisquet d'un quai glacial - où il ne put d'ailleurs engager la conversation avec aucune des lycéennes post-démocratisation-du-string-ficelle mais pré-c'est-d'accord-pour-tirer-un-coup-rapido - bref, après un temps qui lui parut à peu près aussi interminable que, disons, un cours de Jean-Marc ("Où ça ? Là bas"), Zak Galou prit le TER, descendit à Suresnes-Mt-Valérien, sortit de la gare et tâcha de dénicher un autochtone pour lui faire cracher l'adresse exacte de la personne hautement célèbre qu'il était venu rencontrer. (Je sais, j'accélère sur la fin de l'intro, mais j'ai pas le temps et si je me grouille pas un peu, vous n'aurez jamais la chute de cette histoire passionnante, chute que d'ailleurs je ne suis pas encore bien sûr d'avoir le temps de trouver).

Il habitait au troisième étage d'un HLM en face du cimetière du Père-Lachaise (les Parisiens auront remarqué quelque-chose de rigolo, et je leur laisse le loisir de l'expliquer aux (trop) nombreux abrutis qui nous lisent. Il accueillit Zak Galou avec un plaisir non dissimulé sous sa barbe encore peu fournie ("Mais, dira-t-il plus tard à notre reporter en beu, j'ai encore un mois pour qu'elle pousse à la bonne taille").
_ Robert Noël, bonjour, commença Zak Galou en mettant les pieds sur la table basse (il trouvait ça plus friendly, vu qu'il avait enlevé ses baskets et que ses chaussettes n'avaient pas plus d'une semaine et demie). C'est sympa de m'accueillir ; on se tutoie ? Ok c'est cool ! Bon, première question : on entre bientôt dans ta période, la fameuse "période de Noël", qu'est-ce que tu en es de ton état d'esprit à J moins un mois ?
_ Oh tu sais Zacharias, répondit Robert en se grattant les dessous de bras, je ne suis pas d'un naturel stressé, surtout depuis que je prends des antidépresseurs.
_ Non ? C'est ton sujet de thèse qui te met dans cet état ? Nan, parce que je connais pas mal de thésards qui s'y sont mis (de pain), et la vache !
_ En fait, j'ai reçu des menaces de mort."
Zak Galou se dit qu'il valait mieux enlever ses chaussettes de la table, vu que Benoite Noel, la femme de Robert, venait d'apporter du thé et des petits fours.
"L'année dernière, j'ai apporté un cadeau à un enfant, mais il n'a pas apprécié. Il voulait autre chose. Depuis, il m'envoie des menaces, il a même caillassé Benoite.
_ Qu'est-ce qu'il voulait comme cadeau ?
_ Il voulait un truc introuvable, sûrement un truc japonais, du genre tamagochie.
_ Ah ouais, je vois le genre, fit Zak Galou en trempant un petit four à la dinde aux marrons dans sa tasse de thé. Ce serait pas un Biouman ?"
A cet instant précis, Robert commença à se demander s'il n'avait pas affaire à un imposteur ; il décida de se tenir sur ses gardes et reposa le petit four à la bûche de Noël sur la table basse, à côté de la marque de sueur laissée par la chaussette gauche de son invité.
_ Dis donc toi, t'es sûr que t'es reporter pour Galou-Magazine ? demanda-t-il abruptement.
_ Ben ouais, et pas qu'un peu ! riposta Zak Galou en sentant que Robert reprenait les rênes (de l'interview, hein ?).
_ Alors c'était quoi le plat du jour hier ?
_ Des carottes râpées ?
_ Ok, jeune insolent, reprends un marron."
Zak Galou sentit que la conversation se détendait à nouveau. Il pensa à Benoîte qui s'affairait dans la cuisine - peut-être pourrait-il la faire venir sur ses genoux un moment, pour lui chatouiller un peu les conventions.
_ Alors, dit-il en se disant qu'il n'était pas passé loin de se faire enguirlander, c'était quoi ce cadeau mystère ?
_ Je te l'ai dit, un bidule chelou, un compteur VéDé-aile qui s'appelle Coco."
Zak Galou, qui avait fait des études, sut soudain qu'il allait remporter la partie. Lui savait qui était Coco the counter.
"J'ai d'abord pensé à un perroquet, mais ça n'a rien donné ; et puis, je me suis dit que ce compteur avait un rapport avec EDF, mais ils sont en grève depuis plus de 150 ans (Rodriguez, père... et fils..., songea Zak Galou en riant sous cape - et épée).
_ Tu n'étais pas très loin avec ta piste sur EDF.
_ Ouais, ba quoi qu'il en soit, je ne l'ai pas trouvé, ce conteur."

A ce moment précis de son interview, notre petit reporter décida de jouer carte sur table avec Robert.
"Ecoute, je ne veux pas tout savoir sur Robert, dit-il en se touchant une boule sans réveiller l'autre. J'ai un marché à te proposer : ce sera notre marché de Noël. Je t'arrange le coup avec ton n'enfant colérique et en échange, tu t'occupes en priorité de ma liste du père noyel. Ca roule ?
_ Ahah, et comment crois-tu que tu pourrais maîtriser ce redoutable magicien ? Devant moi, l'autre jour, il a fait disparaître un stabylo, nom de dieu !! Et il a un bureau avec deux écrans, un petit et un grand !
_ Si m'occupe de Nono, tu t'occupes de ma liste ?"
Pour le coup, Robert fut impressionné. Que son interlocuteur sache le nom du petit galopin qui lui cassait les coui... les pieds depuis décembre dernier, c'était impressionnant.
_ Voyons voir ta liste."
Il lut qu'il y avait un sandwich jambon-fromage-cornichon, mais sans cornichon, un manuel de Claim, une carte de l'ump, un pin's du ps, un masque d'allo-ouine de bayrou et une crèpe au suque.
_ Bon... ça me paraît jouable, mais j'y connais rien en crustacés moi. Alors le manuel de claim, tu peux t'asseoir dessus.
_ Ah, tu crois que ça a un rapport avec les huîtres ? ça fait deux mois que j'essaie de savoir ce que c'est que ce truc. Tu crois que je pourrais foutre des huîtres dans l'unité centrale ?"
Ce coup-ci, ce fut le coup de grâce, Robert comprit qu'il avait à faire à un thésard du Laipsiks. Il se leva avec brusquerie : "Fous-moi le camp d'ici saleté de trouducul de va-nu-pied à la con !! Va pointer au chomedu comme tout le monde, petit con !"


mercredi 29 novembre 2006

LST-blog-bd 14 : Nos héros les profs


Il n'y a aucune mauvaise intention envers ces (bons) profs :)

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lundi 27 novembre 2006

LST-blog-bd 13 : dessine-moi ta maison

En inspirant du très ingénieux projet de loi du gouvernement sur la prévention de la délinquance chez les enfants dés l'âge de 3 ans, le jury de Master a mit en place une procédure audacieuse pour la sélection des nouveaux étudiants; se basant à la fois sur les anciennes méthodes anthropomorphiques (qui ont déjà largement fait leurs preuves) ainsi que sur les techniques nouvelles des psychologues, permettant
de répérer très tôt de nombreuses inaptitudes chez les primo-jeunes.
Ci-dessous (figures 1 et 2), un exemple du test "dessine-moi ta maison".



Article écrit avec des morceaux de ZG (bras gauche, pied gauche et oreille droite) dans le scénario - pas dans l'orthographe

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vendredi 24 novembre 2006

LST-blog-bd 12 : où il arrive parfois au thésard de travailler




D'après une idée de Zak Galou

PS : Aaah maintenant la numérotation des bds a rejoint celle des titre ! Youpi ! :D

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mercredi 22 novembre 2006

LST-Blog-bd 11 : Ah ! les week-end !

d'après une idée de Copolycube :)

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samedi 18 novembre 2006

From NY

Ground 0 pour les curieux morbides

Devant l'Apple Store

Linux est même dans le subway ;-)


vendredi 17 novembre 2006

Zak Galou et un avenir possible

Tard le soir, après le travail, Zak Galou se rendait à la salle des fêtes de Merdon-La-Forêt, la tête basse, les épaules voûtées, un peu honteux de se trouver là. Il s'asseyait invariablement au fond de la salle, toujours bondée. Il se disait qu'une génération entière se trouvait là - comme lui confrontée à la drogue.
Il hésita longtemps avant de prendre la parole à cette réunion, mais il avait quarante ans maintenant et il n'était plus question de vivre avec ce problème infammant sans réagir. Il avait vécu avec trois hommes, une femme et un chien (pas en même temps, hein ?) qui tous l'avaient abandonné, incapables de se faire à cette addiction terrible, qui lui bouffait la vie, qui l'éveillait en pleine nuit - il se dressait d'un seul coup dans le lit ou la niche conjugal, les yeux hagards, l'air plus absent encore que quand il était là : "Faut que je joue, faut que je joue !!" hurlait-il à la nuit. Sa femme ou ses trois hommes lui disaient : "Mais calme-toi mon petit Zak-nounet, ce n'était qu'un vilain cauchemar !", et le chien lui disait souvent "Ouaf, ouaf", en remuant la queue. Mais il lui fallait sa dose. Il allumait compulsivement son ordinateur et lançait Frozen-Bubble en multi-joueur. Il avait appris à jouer des deux mains, pour pouvoir jouer deux parties en même temps. Il refusait tout adversaire depuis que ce connard de Glou l'avait abandonné pour aller jouer à des jeux plus futiles dans le privé.
Ca avait commencé pendant son stage de fin d'études, avec Pasta. Celui-ci, d'ailleurs, purgeait une peine de prison pour avoir fracassé à coups de battes de base-ball trois voitures bleues garées les unes à côté des autres dans le parking du prisunic de son quartier. Les policiers l'avaient trouvé en catalepsie, aux limites de la folie, bredouillant : "Elles doivent disparaitre, elles doivent disparaître, j'ai sélectionné le mode Chain-reaction putain c'est pas possible".
S'il avait pu, ça aurait fait réfléchir Zak GAlou. Mais pour lui aussi, il était déjà trop tard. Dans la salle de fête, il voyait parfois Bubu, qui venait parler de son addiction à ET, ou encore Nono, qui expliquait en VDL sa dépendance à World of Warcraft.

Généralement, les réunions des Joueurs-à-des-jeux-à-la-con-Anonymes se terminaient pas tard, alors après il allait faire une petite partie avant de se coucher.


LST-Blog-bd 10 : Feuilleton Outre-Altantique


Veuillez noter au passage qu'il y a un affreux stéréotype qui dit que c'est fille qui utilise Windows ! Ahlàlà...

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jeudi 16 novembre 2006

LST-Blog-bd 9 : Formation life style


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mardi 14 novembre 2006

LST-Blog-bd 8 : Où à trop reviser on ne révise plus

Attention à bien lire les phylactères dans l'ordre alphabético-numérique croissant sous peine de mort subite.

Pour une comicité optimale lire de préférence avant un partiel de RHAD.
(Ici vous racontez votre vie)


lundi 13 novembre 2006

Un matin ordinaire de Zak Galou

Zak Galou alluma son ordinateur, attendit que celui-ci lui souhaitât la bienvenue en vert sur fond bleu, puis appuya consciencieusement sur le bouton démarrer pour lancer Outlook-Express - c'est que, hostile à tous raccourcis, qui ne sont, au fond, que couardise de l'esprit, il méprisait les icônes sur le bureau.
Bien entendu, il reçut un nouveau courrier - le lecteur attentif notera qu'il s'agit ici d'un ressort dramatique essentiel sans lequel il n'y aurait pas de message possible aujourd'hui, ma verve (sans faute d'orthographe, si possible) narrative n'étant hélas pas assez littéraire pour compenser une fin en quenouille du style : "Il n'avait pas de nouveau message. Au-revoir".


Cher(e) ami(e), je m'appelle Momo-Loïc Derrickovitch, mais tout le monde m'appelle "Petit Poucet" car j'ai attrapé la lèpre l'année dernière alors que j'étais en mission humanitaire dans un pays d'Afrique en guerre civile où j'ai par ailleurs contracté le sida quand j'ai donné mon sang pour sauver une petite fille octoplégique atteinte d'un cancer purulent des testicules. Orphelin depuis trois générations, je vous écris - ou plutôt, un ami vous écrit, car je ne sais ni lire ni écrire, à cause que je suis trop pauvre pour payer les livres - parce que je suis dans le plus extrême dénuement. Je n'ai personne vers qui me tourner car je suis paralysé et mon ami ne peut plus m'aider étant lui-même thésard au Laip-Siks. Je vis dans la rue depuis très longtemps - désolé de ne pas préciser, mais j'ai perdu ma montre flic-flic avec mon avant-bras droit. Il s'est avéré de plus que cette montre flic-flic était une grossière contrefaçon qui m'a valu dix ans de prison et reconduite à la frontière à cause de la première partie de mon prénom. La seconde partie me vaut en outre de fréquents quolibets tels que "Breton tête de con". D'autre part, j'ai la malchance d'accumuler deux tares dans mon nom de famille, la première partie (Derrick) étant d'origine Antenne2 alors que la fin du nom (ovitch) m'a valu douze attaques à caractère antisémite, soit trois incendies criminels avec intention de nuire, deux émasculations involontaires, quatre attaques au gaz moutarde et un coup de couteau dans l'oeil gauche. (Je ne sais pas compter non plus).
Je me permets donc de vous faire écrire afin que vous m'aidiez à payer mon avocat commis d'office qui me réclame plusieurs millions d'euros de frais pour m'avoir fait emprisonné pour téléchargement illicite de musique sur des sites de Piretoupire.
Comme je n'ai pas d'ordinateur, ne me répondez pas par email mais si chacun d'entre vous pouvez m'envoyer un euro par la poste à l'adresse qui figure en bas de ce mail, je vous en serais éternellement reconnaissant pour les deux mois qui me restent à vivre (moins si j'entre plus tôt que prévu en prison, où l'homosexualité est paraît-il très mal vue).
Merci beaucoup et paix sur votre famille.
"Un euro pour vous, c'est peu, mais pour moi, c'est un euro"
Petit Poucet.
PS : Mon adresse est la suivante : "Momo, gymnase des sans-papiers de Cachan, Cachan. "


Emu aux larmes, Zak Galou appuya sur le bouton "Répondre à tous" et composa ce court message :

Mon cher Momo, c'est avec le plus grand plaisir que je t'enverrai 2 euros (je vais bientôt toucher mon allocation de recherche et je n'ai pas peur de tout dépenser pour toi). Envoie-moi un timbre fiscal à l'adresse ci-dessous pour que je t'envoie les deux euros en recommandé.
Gros bisous,
Zak Galou

PS : mon adresse est la suivante : "Zak Galou, Salle de pause, Laipsiks Cedex 9ème étage"


vendredi 10 novembre 2006

LST-Blog-bd 7 : Que faire pendant les vacances ?


Planifiez dès maintenant vos vacances ! :)

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mercredi 8 novembre 2006

LST-Blog-bd 6 : Question bête, réponse bête


Cette bd peut s'appliquer aux étudiants et leur partiel :)

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lundi 6 novembre 2006

LST-Blog-bd 5 : au lip6 rien de nouveau.


Avec de fameux guest stars ! :D

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samedi 4 novembre 2006

LST-Blog-bd 4 : nouveaux thésards




(bientôt, je rajouterai le nom du scénariste ou du dialoguiste, histoire que vous sachiez qui dit du mal de vous ;) )

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vendredi 3 novembre 2006

Zak Galou interview Little Endian : "La dernière des Mohicanes" (à sucre)

Bijour li p'tit n'enfants ! Comment ça va ? Vous vous êtes inscrits sur les listes électoto ? La semaine dernière, nous achevions notre grand dossier "Prendre un enfant par la main : incitation à la pédophilie" avec une interview de Bubu qui évoquait pour nous ses penchants ségolénesques pour les petits ponts de bois. Aujourd'hui, c'est avec un nouveau dossier que nous commençons la semaine : "Banlieue, le Vietnâm français", avec en exclusivité pour le Galou-Mag un reportage chez les pauvres.

Vendredi matin - 14h30.
La semaine commence sur un petit froid sec, qui me rappelle que non seulement c'est plus agréable qu'une petite pluie fine, mais en plus j'ai bien fait de mettre un caleçon long et des bas aujourd'hui. Je suis venu avec mon chauffeur - j'avais envisagé de prendre le bus, mais les chauffeurs sont en grève depuis que l'intégralité des 217 bus de la ligne "Les Pauvres - Paris" ont été brûlés au lance-flamme par les jeunes. Et pis, le métro et le RER ne mettent plus le nez en-dehors des zones 1 et 2.
Je sors de la Rolls et là, direct, je vois un groupe de jeunes - en train de dépenser leur énergie positive en essayant de jeter un gros ballon rouge dans un anneau placé en haut d'un poteau - qui me jette des regards discriminatoires. Je dis rien, mais quand même. Je trouve ça limite blessant : je viens à peine d'arriver, je n'ai même pas eu le temps de redresser mon noeud-papillon et de lustrer mes bottes en croco que déjà, je me sens mal accueilli.
J'avance dans la téci (oui, j'ai décidé de me fondre dans le décor et j'ai depuis deux semaines travaillé mon parler-vrai à l'aide de visites régulières sur Skyblog et à l'écoute de NRJ, Fun et autres radios de merde qui me change de KMFM (Karl Marx FM)).

Alors que j'approche d'un grand immeuble rose - période pompido-giscardienne, style malabar - j'aperçois une dizaine de jeunes occupés à fumer ce que j'identifie comme du "teu-shi", sur les marches de l'immeuble où, justement, j'ai rendez-vous avec Little Endian.
"Yo, fis-je en me tapant sur la poitrine - avant de prendre soin de remettre droit le foulard glissé dans la poche avant de ma veste de smoking - ça va les keums ? Eh vous vriezde aps méfu du teu-shi ça-comme, ça ouf les rone-neu l'air-en !
_ Ziva c'est qui ce bouffon !" entendis-je avant que le gros ballon rouge susditement cité ne m'atteigne à la nuque, me faisant ravaler et ma chique et ma langue.
Damned, je suis touché. Je tombe à genoux en essayant de reprendre mon souffle. Je prends conscience que je les ai sans doute agressé sans le vouloir en étalant ostensiblement mon savoir devant eux. Je les plains, les pauvres, ils n'ont pas besoin que je vienne leur donner des leçons de biochimie.
"Donpar les painco, jsuis lédéso sa mère de vou zavoir fensé-o sa race !"
A peine leur ai-je fait mes excuses que ces malotrus, que je devine attaché à m'effacer de la surface de cette planète, me relève avec brusquerie et se mette à fouiller dans mes poches. Je me dis que j'ai dû tomber sur la police locale - ils ont raison, pour ne pas avoir de problème, il vaut mieux contrôler les identités de ceux qui viennent dans leur téci (sa mère).
"Qui c'est qui parle de contrôle d'identité, cousin ?" me crache à la gueule un jeune blanc-bec aux vêtements fluos - période pompido-giscardienne, style y en marre.
_ Vas-y, nique-zi sa race à l'autre blaireau", lui lance en ricanant de toutes ses gencives (il n'a pas de dents devant, Little Endian m'apprendra qu'il avait mordu à la cuisse un juge de proximité et qu'il avait fallu une grue de douze mètres et un marteau piqueur pour le faire lâcher, les dents y étaient restées) un jeune beur-bec.

Les quelques minutes qui suivent, je dois l'admettre, sont parmi les plus pénibles de ma vie. A mesure qu'ils me dépouillent, je sens la gêne m'envahir : en effet, ils ne trouvent que des objets qui leur prouvent et leur médiocrité intellectuelle ("Ziva c'est quoi ce truc en or qui fait tic-tac ?") et financières ("Putain, la taille de son caleçon, c'est du 123 ! _ Ta gueule, c'est le prix, ducon !").
Quand je parviens à me glisser dans la cage d'escalier - à droite en sortant des caves - je suis à poils et je claudique. Je grimpe en sautillant les huit étages menant chez Little Endian et tambourine à sa porte. J'entends derrière moi que mes agresseurs se sont rendus compte, dans le feu de leur tournante, que je me suis tiré.
La porte s'entrouvre sur un canon scié - et dix centimètres plus bas un énorme berger allemand qui montre les crocs. Je souris benoîtement au canon du fusil à pompes et lance une blagounette au chien ("Sektion 6 um Meinung, arbeit macht frei ! Deutschland ûber alles"). Le chien se détend mais le canon reste inflexible.
Enfin, alors que les premiers indigènes arrivent, la porte s'ouvre en grand et Little Endian me tire à l'intérieur, claquant la porte aux nez des malotrus.

"On peut dire que tu as eu chaud, me dit Little Endien en faisant signe à son molosse de cesser de me mordiller les parties. Un peu plus et ils te chopaient.
_ Euh... oui. Merci, Little."
Little Endian est vêtue de son kimono blanc et range son fusil à pompes dans l'étui qu'elle a dans le dos. J'y aperçois le manche en nacre d'un katana.
"Sympa le couteau ! fis-je en rigolant.
_ Ouais, je m'en sers pour éplucher les patates. Je t'en prie, assois-toi."
Je refuse poliment sans lui en donner la raison. Je me met sur les genoux tandis qu'elle s'assoit en tailleur, puis je lui demande un papier et un crayon - mon laptop a disparu dans la mêlée.
"Alors Little Endian, commençons cette interview. Comment se passe ta vie ici, en banlieue ? Ca ne doit pas être facile tous les jours ?
_ Effectivement, la voiture brûle presque tous les jours, surtout en hivers, pour se réchauffer. Disons que c'est un peu chiant à cause de l'odeur, mais on a fini par s'habituer à remonter le moteur et les sièges avec nous à chaque fois qu'on l'utilise. Du coup, la carcasse brûle mais la voiture est réutilisable.
_ C'est ingénieux, reconnus-je. Et pour descendre les poubelles ?
_ Ne m'en parle pas ! J'ai perdu trois frères et deux soeurs comme ça. Ils descendent les poubelles et on ne les revoie plus jamais. C'est triste.
_ Et toi, quand c'est ton tour tu fais comment ? tu attend la nuit ?"
Ma naïveté la fait pouffer :
"Bien sûr que non, c'est là où c'est le plus dangereux. Il faut y aller le matin, vers huit heures. Ils sont tous couchés à cette heure-là, alors en se dépêchant, avec Max et Little-Carpete (à ce nom, un énorme Totoro que j'avais pris pour une peluche ouvre un oeil et étouffe un baillement), je descends les poubelles, je prend le courrier chez la gardienne...
_ Tu n'as pas de boîtes aux lettres ? interrompis-je, soucieux de ne pas me laisser piquer la vedette par une fille -faut pas déconner.
_ Nan, plus depuis trois ans ; ils l'ont fait sauter avec la cage d'ascenseur ; et pis le facteur ne passe plus depuis encore plus longtemps. La gardienne va chercher le courrier directement au centre de tri et elle le garde chez elle.
_ Elle a un chien elle-aussi ? Comment se fait-il qu'elle ne se fasse pas agresser ?
_ Elle sent très mauvais, expliqua Little Endian en me servant du thé à la myrtille. Sucre ?
_ Trentre-trois, merci."

Nous devisons allègrement pendant plusieurs heures. Peu à peu, sa famille rentre du travail. Ils n'ont pas l'air d'avoir eu des ennuis.
"Comment se fait-il que ta famille ne se fasse pas agresser tous les soirs ?
_ Il suffit de faire attention quand on rentre. Il faut guetter le moment où ils baissent leur vigilance ; et pis ils n'attaquent que quand ils s'ennuient. En se débrouillant bien, on peut profiter du passage d'un voisin pour se faufiler dans leurs dos pendant qu'ils le tabassent à coups de godasses.
_ C'est horrible !
_ Mais non ! Il suffit d'inviter des amis à venir passer la soirée à la maison. Combien de fois cette année j'ai invité Yoan à passer la nuit ici ! Il en était tout fou ! Le truc, c'est qu'en arrivant près du hall, je lui disais de partir en avance et j'attendais qu'il se fasse racketter pour passer !"
J'étais sincèrement impressionné :
"Tactiquement, c'est grandiose !
_ C'est dans Sun-Tsu, l'art de la guerre. Tu l'as lu ?
_ Non, mais j'ai lu le 20 minutes en venant."

Mon thé à la myrtille uriné, je me rajustais et lui demandais comment je pourrais faire pour repartir sans encombre.
"Déjà, je vais te prêter des vêtements, parce que te ballader tout nu dans la cité, ça va faire jaser."
Elle me passa un kimono rose qui m'allait très bien et m'expliqua comment repartir.
"Ils doivent attendre en bas de l'escalier que tu ressortes. Le mieux, c'est que tu prennes ça." Elle me mit dans les mains deux fumigènes et un masque à gaz. "Ne prends pas l'ascenseur, il est en panne. Dés que tu arrives au premier, tu balances les fumigènes dans le hall, tu mets ton masque et tu cours droit devant toi. Tiens, profites-en pour descendre les poubelles, tu seras chou".

Zak Galou, pour le LST et au péril de son anus


LST-Blog-bd 3 : où il est question de fin de soutenance


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